Il aura fallu seize années à Todd Field pour revenir sur le devant de la scène. TÁR n' est que le troisième long-métrage du réalisateur américain après In the bedroom et Little Children. Tout ou presque tourne autour de son héroïne, Lydia Tár, chef d'orchestre à la renommée internationale qui s'apprête à diriger l'orchestre philarmonique de Berlin. Tout semble lui réussir, sa vie est réglée comme du papier à musique, elle inspire ceux et celles qui la côtoient, son aura est intouchable. Pourtant, derrière cette harmonieuse apparence, se cachent des zones d'ombres qui vont venir écorner son image. La grande force du film est celle de construire un personnage entièrement fictif et d'arriver à le rendre réel, crédible aux yeux du spectateur. Car si cette figure est tout droit sortie de l'esprit de Todd Field, elle pourrait parfaitement avoir sa place dans le réel. TÁR dessine le portrait d'une femme prise dans les angoisses du monde contemporain, qui petit à petit va perdre le contrôle de ses émotions. Tout comme Blonde, d'Andrew Dominik, l'autre grand portrait de l'année, TÁR parvient à transcender la fiction pour nous raconter la grandeur et décadence d'une femme sous affluence.