J'avais un bon mais ténu souvenir du livre, l'ayant lu il y a près de deux ans désormais. Mais j'appréhendais l'exercice d'adaptation, toujours périlleux lorsqu'on cherche à transposer un livre assez "littéraire" à l'écran.
Les premières minutes m'ont d'abord laissé dans le doute, lorsque j'ai compris, à la deuxième réplique de Jean Dujardin, que le texte de Tesson serait régulièrement (ré)cité par le protagoniste principal, alors qu'il écrit sur son petit carnet adossé à un arbre ou un rocher. Une première phrase, prononcée au réveil ou au coucher (je ne sais plus), chuchotée plutôt, qui sonnait faux. Également surpris par la respiration très bruyante de notre protagoniste, à la limite de l'essoufflement, j'ai fini par comprendre qu'elle ferait partie intégrante de notre périple partagé, que cela ne nous serait pas épargné, que nous souffririons un peu avec lui. Et les citations suivantes venant, le film s'est dérouillé en même temps que le corps de Pierre, et s'est mis à mieux marcher. Ne prenant pas tout à fait la direction que j'attendais – et c'est tant mieux.
Le mélange a bien pris – les paysages splendides et changeant, les quelques aphorismes bien sentis (mais pas toujours bien placés) de Sylvain Tesson, la voix de Jean Dujardin – et je me suis rapidement dit que tout l'à côté – les flash-backs, le pourquoi de ce cheminement de 1300 km, la romance avec Josephine Japy – ne serait pas d'une grande utilité. Certes, cela ajoute des ingrédients narratifs jugés indispensables pour un film (un traumatisme, un objectif, des obstacles, bref, de l'enjeu), mais j'ai trouvé que ces scènes étaient "en-dessous" du récit présent, ne le servaient pas suffisamment. Et puis vient-on vraiment voir ce film pour son enjeu ? Certains peut-être ; je me serais contenté des chemins noirs, de la contemplation, de la méditation qui nous est offerte. Et de cette belle réflexion sur ce besoin de mouvement, de fuite, ce refus de la tranquillité pour mieux trouver l'apaisement.
On sent aussi que Denis Imbert et Diastème se sont sentis obligés d'insérer des scènes dialoguées qui, dans mon souvenir, n'existaient pas – ou pas de cette manière – dans le livre. Comme si ce bout de chemin parcouru avec le jeune Dylan, avec sa soeur ou son vieil ami pemettaient de scander, de rythmer cette marche, de la rendre moins linéaire. En fait, ces compagnies n'apportent pas grand-chose au film, si ce n'est du bla bla dont on ne retient rien.
Bref, on a là un film court et apaisant, subtilement interprété par un grand acteur, mais qui aurait encore pu faire l'économie de certaines scènes, pour mieux coller à l'espiègle simplicité du bouquin.