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Francesca aurait eu besoin de bien plus d'une minute, même bien plus de 4 jours pour mûrir le choix qui a été le sien. Le choix si douloureux entre sa vie "faites de détails" avec son mari, son homme de toujours, et ses enfants, et la possibilité d'une nouvelle vie amoureuse.

L'histoire de "Sur la route de Madison" est donc excessivement banale mais traitée avec tant de subtilité et de pudeur par Clint Eastwood (qui a depuis perdu ce talent malheureusement, au profit de gros sabots...) qu'il émeut profondément. Le réalisateur prouve, par ce film, qu'il a tout compris aux femmes.

Par petites touches, on entre dans cette histoire par une porte dérobée. Chaque détails (effleurements, regards, sourires...) apporte une tension dramatique, sensuelle voire érotique à ce couple totalement parfait, car défendu et impossible.
Car comme le dit si bien Francesca, la magie de ses quatre jours de bonheur, parenthèse inattendue dans leurs vies, n'aurait pu subsister sur la durée. Aurait-elle dû tout stopper pour rejoindre cet inconnu quitte à rendre leur histoire horriblement banale avec le temps ? Cette idylle n'est-elle pas plus tendre en ne restant qu'un souvenir lointain et diffus ? Ce doute, Francesca le gardera jusqu'à sa mort. Aurait-elle été plus heureuse en quittant sa famille pour vivre cette amour puissant et unique ?

Ce doute est absolument délectable à vivre en tant que spectateur car, à la fin, nous sommes déchirés entre la déception de ne pas voir Francesca descendre de cette voiture pour rejoindre Robert, et la douce mélancolie de ce souvenir à la fois lointain et proche de quatre jours parfaits.

L'image des ponts est également une jolie métaphore du passage, de la prise de risque à laquelle est confrontée Francesca. Traverser la rive à tout jamais ? Ou bien rester au bord du pont. Elle a choisi de demeurer au centre, tiraillée entre sa vie de mère et d'épouse qu'elle assurmera jusqu'au bout, et le souvenir d'un amour disparu.

Et quel rôle pour Meryl Streep ! Elle est vraiment époustouflante de pudeur, de désir contenu, de douleur intériorisée. Notamment (ma scène préférée) lorsqu'elle ouvre la porte au retour de sa famille à la maison, essuyant une larme sur sa joue et feignant un sourire. Elle frappe alors dans ses mains, en accueillant ses enfants et son mari, comme pour se réveiller de ce doux rêve et donner le clap de fin de son histoire.
Personnellement, je crois que c'est l'un des plus beaux rôles de femmes que j'ai pu voir. Clint est un faire valoir agréable, à la fois discret et intense, mais elle, elle....

Jamais il ne se sera passer autant de choses dans un film où il ne se passe rien. Pour ma part, Clint Eastwood signe là son meilleur film, avec Gran Torino. Intense et sincère.
Before-Sunrise
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le 6 oct. 2011

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Before-Sunrise

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