Bifle anale
Parfois, mais rarement, il convient de faire preuve d'humilité, de se rendre compte que l'on est face à quelque chose de grand, quelque chose de si grand qu'il arrive à me dépasser, quelque chose...
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le 18 avr. 2016
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1
Il y a des films comme ça qui vous donnent une petite impression de déjà-vu.
Parfois c'est un déjà-vu négatif, le métrage repompe des idées venues d'autres œuvres et perd en identité, et parfois c'est un déjà-vu plus... Étrange.
Comme d'être face à quelque chose de familier. On a l'impression que ce que nous voyons, nous l'avons déjà vu ailleurs sous une autre forme.
Dans le cas de Riki-Oh, c'est exactement ce qui m'est arrivé.
Une sensation familière, mais impossible à expliquer.
Pourtant Riki-Oh est loin d'être un film banal.
C'est un film de prison où le héros est un maitre du kung-fu à la force herculéenne.
Tous les administrateurs et les gardes de la prison sont des méchants qui exploitent et torturent les pauvres prisonniers, aidés par leur tâche par les 4 chefs des 4 secteurs carcéraux.
Les pauvres prisonniers trop faibles sont maltraités par les plus forts. Certains se suicident même.
Et les combats violents s'enchainent !
Parce que bon, jusque là, je vous vendais pas vraiment du rêve, on est d'accord, mais s'il y a une très très bonne raison de mater Riki-Oh, c'est bien sur son ultraviolence débile !
Chaque combat de Ricky, le héros, est prétexte à un déferlement d'hémoglobine, dès qu'il peut, il punche dans les prothèses en carton-pâte de ses ennemis pour leur exploser le corps ! Et aucune limite n'est permise : Un coup tu vois Ricky faire un trou dans la panse d'un gros d'où s'échappe un geyser de sang, un autre t'as un type qui se fait expulser un œil de l'orbite juste avec une tape derrière la tête, t'as des coupages de membres en caoutchoucs, de l’écorchage, y'a même un moment totalement surréaliste où un type s'ouvre le ventre, Ricky s'approche pour voir pourquoi il est aussi con, et l'autre de l'étrangler avec ses propres tripes.
Je répète, ceci n'est pas un exercice : Il s'ouvre le bide et essaye d'étrangler Ricky avec ses propres tripes !
Rien que pour cette scène hallucinante, visionner ce film devrait être une loi à implémenter dans la Constitution.
Et puis y'a le méchant qui se transforme en Hulk, il a des lieutenants totalement ridicules, des effets cheapos et nanardesques, le... Le bras droit du méchant qui a un crochet et un œil de verre qui contient des bonbons à la menthe (oui, je vous jure qu'on parle d'un seul et même film !),...
Et malgré cet excès incessant de n'importe-quoi, Riki-Oh se prend grave au sérieux.
Le film est une fable sur la condition humaine, sur les criminels qui finissent par devenir plus humains que leurs propres geôliers.
Avec des gens qui explosent.
Pour se convaincre de ce premier degré, il suffit de voir Ricky crier sa rage sous une pluie orageuse, hurler toute sa haine à l'égard du système. Cette scène (extrêmement mal jouée, vous vous en doutez), c'est la déclaration de guerre, le serment sacré du héros qui jure sur la tombe de ses ancêtres (j'aime les clichés) et le sang de ses camarades broyés par le despotisme carcéral que les crimes des méchants ne resteront pas impunis, que le mal sera châtié et vaincu, explosé à coup de poing dans une gerbe de sang royale qui viendra gicler à la face d'une société décadente et apathique qui tolère les abus du système.
Le film se conclue d'ailleurs sur Ricky détruisant le mur de l'oppression pour permettre à tous les prisonniers de s'évader.
Et pour couronner le tout, ce bordel de capharnaüms est ponctué par des moments culcul la praline. Une scène, Ricky défonce un méchant et honore la mémoire d'un de ses co-détenus crucifié dans la cour de la prison, la suivante il offre une flute à un muet simple d'esprit qui nous offre un petit moment musical. Allo, je suis bien chez la dissonance ? Oui, c'est pour une réclamation !
Tiens, ça me rappelle des scènes bien niaisouilles de Ken le Survivant, et...
Attends...
Une seconde...
De la violence débile ? Un héros méga-bourrin ? Une histoire super-manichéenne ? Des méchants hauts en couleur ? Du kung-fu méga-destructeur ?
Oh. Mon. Dieu.
Riki-Oh... est un manga en fait !!
Bon, plus exactement, Riki-Oh est adapté d'un manga, qui si j'ai bien compris est une repompe de Ken le Survivant, mais l'idée est là !
On se plaint tout le temps que les adaptations de mangas en films sont soit pas du tout fidèles à leur matériau de base (je ne citerai pas son nom honni, car on veut tout oublier ce film...), soit tellement proches de celui-ci qu'elles en perdent toute saveur et font penser à un rassemblement de cosplayeurs à la Japan Expo (Tousse Death Note Tousse FMA).
Riki-Oh est le film qui a atteint le point d’équilibre.
Il reprend les codes établis des mangas : Le héros au grand cœur un peu benêt pratiquant un art martial qui te fait exploser en une seule attaque, les méchants super méga pas gentils comptant dans leurs rangs un trav', un grand costaud, un gros, un Hulk, etc... l'humour très enfantin, la violence très exagérée, les flash-backs risibles,...
Évidemment, le premier nom qui vient en tête quand je dis tout cela, c'est le cultissime Ken le Survivant. Et c'est dingue à dire, mais Riki-Oh est, à l"heure actuelle, l'adaptation de Ken le Survivant en live la plus fidèle et pertinente que j'ai pu voir jusqu'ici.
La violence surréaliste, les instants niais, ce putain d'étranglement avec ses propres tripes, bons dieux ! C'est le genre de délire que l'on accepte dans l'univers du manga, car le médium répond à des codes graphiques et narratifs instaurés depuis des décennies qui nous permettent d'accepter des choses que l'on trouverait absurdes dans un autre support, ce qui offre d'ailleurs à la bande-dessinée une identité très affirmée. Évidemment, tenter de retranscrire l'univers d'un manga dans un film avec des acteurs réels, c'est extrêmement casse-gueule, et pourtant un sous-genre cinématographique s'y prête parfaitement : Le nanar.
Parce que bon, j'ai beau me la jouer zombiraptor, le film reste un nanar.
On aura beau invoquer le prétexte de l'adaptation manga, ça reste nanardesque.
Mais quand on y pense : Une histoire remplie d'idées débiles, de situations incongrues, de personnages improbables, d'effets spéciaux cheapos à base de carton-pâte, mais qui en même temps se prend grave au sérieux tout en étant extrêmement drôle au 15ème degré, c'est la définition d'un nanar.
Ce qui signifierait que le seul moyen d'adapter correctement un manga en film serait par le biais du nanar... Je saurais pas dire si c'est flatteur pour la bande-dessinée japonaise...
Mais bon, Riki-Oh reste très rigolo à voir !
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste En 2019, j'ai vu (et revu)...
Créée
le 8 janv. 2019
Critique lue 341 fois
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