Un bon Space Opera au ton détonnant signé l'insolent Paul Verhoven

Cela fait un bout de temps que je voulais découvrir Starship Troopers de Paul Verhoven. Très fan de son Robocop, avec lequel il partage pour moi de nombreuses similitudes, j'ai depuis longtemps un certain intérêt pour le cinéaste. J'ai lu un jour qu'une journaliste l'avait attaqué en lui reprochant que ses films étaient trop violents. Ce à quoi le mec avait répondu "mais madame, le monde est violent". Je trouve que ça résume bien chez lui une certaine insolence, qui se retrouve dans ses films. Un certain regard qui les rend originaux et intéressants, et que je retrouve dans ce space opéra au ton stupéfiant qu'est Starship Troopers.

Je parle de ton stupéfiant parce que je trouve le film fait des choix étonnant. En effet, il mélange habilement plusieurs registres que je n'aurais pas cru solubles pour se donner une gueule singulière et pourtant hyper efficace. Je vous résume ça :

Starship Trooper est d'abord un space opéra, qui raconte la guerre cosmique qui oppose l'humanité à une race d'Aliens surnommées insectes. Et tout ce qui fait un bon space opéra est là, a commencer par le visuel. Je me suis régalé devant tous les décors et maquettes de vaisseaux bourrés de détails et autres effets pratiques bien organiques dont je raffole, réalisés entre autre par ce réconfortant Phil Tippett. Le bestiaire aussi est remarquable et surprenant. Puis il y a de la couleur, des textures sans oublier un sens du spectacle. Je note en passant beaucoup d'éléments qui me rappellent ma saga de jeu vidéo préférée, Halo, qui semble s'être grandement inspiré du film. Preuve définitive que c'est un vrai bon Space Opéra. Sur le fond aussi, le film prend aussi brièvement le temps de dérouler quelques idées de SF intéressantes bien que déjà-vu, comme le pouvoir de télékinésie que possèdent certains humains ou le système de fonctionnement sociétal des "Insectes".

Mais le film se range aussi ailleurs, à la limite de la série B. Il enchaîne les séquences d'actions, avec gros défouraillages et morts en pagaille, ainsi que les personnages de militaires bourrins, qui n'oublient pas les punchlines avant d'aller trouer de l'alien, tout cela procurant un vrai plaisir de série B.

Mais ça s'arrête pas là, car je trouve que le film a aussi carrément une tête de Teen Movie ! En effet le récit se construit autour du parcours de 3 jeunes personnages, tous avec des belles gueules de mannequin, qu'on suit de leur bal de promo jusqu'à leur retrouvailles champêtres lors de la victoire finale. Et sans déconner, on a le droit dans ce parcours, entre autres choses, au traditionnel match de football américain du genre et à un triangle amoureux, avec toute la tension sexuelle qui l'accompagne.

Et pour finir, rajoutez moi une bonne dose d'insolence. Parce que le film est aussi une satire, avec ses séquences de propagande absurdes qui donnent au film un aspect grinçant. Sans compter son ultra violence. Le film montre des choses horribles de manière frontale. Et cette violence n'est pas toujours fun, car cette note acide la rend crasseuse et même dérangeante.

Voilà ce que j’entends par "ton stupéfiant", c'est cette gueule hétéroclite et assez improbable que se traîne le film. Pour résumer, il commence comme un teen-movie avec un peu de satire, avant de virer dans le space opéra pour se muter en série B d'action. Puis tout se mêle. Et pourtant, jamais je me dis que c'est n'importe quoi. Tout roule. Au fil du film, je me suis surpris à en avoir quelque chose à foutre des relations amoureuses des personnages, à trouver même ça touchant, alors que je trouvais ça ouvertement cliché et rigolo au début. Puis j'ai voyagé dans cet univers de science-fiction dont j'ai contemplé la richesse et les détails. J'ai apprécié toute la baston que le film m'a proposé jusqu'au climax explosif. Tout cela avant qu'il revienne à la satire pour conclure le film en me rappelant avec un dernier clip promotionnel, dans lequel les héros du film deviennent à leur tour les figures de la propagande absurde d'une autorité qui semble à côté de la plaque, que tout ça n'est en fait que de la connerie et que l'humanité fait n'importe quoi. Résultat, je sors du film, j'ai kiffé autant qu'il me fait grincé des dents.

J'ai pas souvent vu un film avec cette gueule-là, ce mix de genres étonnant et qui pourtant lui permet de s'accomplir à l'arrivée.

Bien joué film, pour cela je te met 7.