Star Wars - The Success Awakens

Oh que je l'ai attendu ce film! Ceci dit, avant d'aller plus loin, cette critique va spoiler sévère. Donc, si vous n'avez pas vu le film, fuyez!

Pour être sûr que personne n'aura de mauvaises surprises dans l'aperçu, on va un peu revenir sur les deux autres trilogies. D'abord, celle d'origine comportant l'épisode IV, V et V. Celle qui lança le phénomène Star Wars, parfaite de bout en bout mais souffrant d'une remasterisation douteuse, où des incrustations numériques putassières viennent gâcher un peu la fête. (Mention spéciale pour Jabba le Hutt dans Un Nouvel Espoir et le Sarlaac dans le Retour du Jedi). Puis la prélogie, faite plus de 20 ans après l'épisode 6, comportant donc les épisodes I, II et III. On adore en dire du mal, mais tout n'est pas à jeter, loin de là. Alors, c'est sûr, Hayden Christensen joue comme une brique et on a du mal à le prendre au sérieux, il y a Jar-Jar Binks et les Midichloriens. A part ça? Eh bien, la prélogie se tient. Il y a certes quelques longueurs et des moments bien trop mièvre pour être d'un quelconque intérêt (big-up à l'épisode II!) mais le compromis n'est pas si mal: les batailles spatiales sont époustouflantes, les combats au sabre-laser sont bien plus dynamiques, et on apporte une pléiade de nouveaux personnages plutôt bien sentis comme le Général Grievous ou le Comte Dooku.

Autant dire que l'attente fut longue, et l'inquiétude a monté d'un cran quand Disney a repris la franchise et que J.J Abrams est passé aux commandes. Pour moi, J.J Abrams, c'est entre autres Star Trek, un remake hasardeux de la série avec des foutus lens flares à chaque plan. Est-ce que le pari est réussi? Réponse dans la critique.

"Oui."

Réponse simple, claire et nette. Ce Star Wars est un grand cru, pas aussi bon que l'Empire Contre-Attaque ou le Retour du Jedi, mais pas loin derrière. Visuellement, c'est parfait, J.J a eu l'intelligence de ne pas tout reposer sur le numérique (Oui, oui Marvel, c'est toujours toi que j'ai dans le collimateur.) et certains décors, construits "en vrai" sont juste sublimes. Ensuite, les personnages: le GROS point fort du film. Je le redis une dernière fois pour les plus téméraires, la suite va spoiler du poney!

Déjà Kylo Ren, le grand méchant du film. Un Vador numéro 2? Plus vil? Plus mécanique encore? Que nenni. C'est un padawan (clairement, il n'a pas fini sa formation) colérique, incertain du côté qu'il a choisi. Il est manipulé, embrigadé dans une aventure qui le dépasse même s'il tente de garder la tête haute. Pour ne rien changer au lot, Kylo Ren s'appelle en réalité Ben Solo, fils (unique?) de Leia et Han. Et on sent que c'est un poids pour lui: en dépit de son statut de contrebandier véreux persistant, Han Solo est toujours considéré comme l'un des grands héros de l'Alliance Rebelle. Il va donc chercher à l'éliminer. "Oui - mais la scène est téléphonée". Bien sûr qu'elle l'est. Je savais même que Solo allait mourir près de 5 mois avant la sortie du film, en effet, il s'agissait d'une clause dans le contrat d'Harrison Ford. Dur à convaincre, il n'a finalement accepté de revenir qu'à la condition que son personnage meurt pendant l'épisode. Sa mort est parfaitement mise en scène, les jeux de lumière mettent très bien en valeur le marasme psychologique de Solo Jr. C'est beau, c'est puissant, et c'est triste bon sang...

D'autres vieilles figures sont de retour: Carrie Fisher revient en tant que Général (et a de meilleurs costumes que ceux des épisodes IV et V) et Luke revient aussi sous les traits de Mark Hamill. Il ne revient pas longtemps, c'est vrai, mais il fait le Cliffhanger. Un sublime cliffhanger, d'ailleurs.

Et les nouveaux héros: Rey (Daisy Ridley), une pilleuse de la planète Jaaku véritable planète-décharge, Finn (John Boyega), Stormtrooper du Nouvel Ordre n'ayant pas voulu suivre les ordres et Poe Dameron (Oscar Isaac), le pilote star de l'Alliance Rebelle. Il y a une telle chimie entre les personnages que l'on se prend au jeu directement, Rey semble pouvoir utiliser la Force, Finn a un certain bagout et sait se tirer de pal mal de situations difficiles et Poe est un excellent pilote: l'équipe est montée. Sans parler de BB-8, le nouveau droïde, digne successeur de R2-D2, très expressif et très drôle.

"Un remake de l'épisode IV?"

Oui. Et non. Des remakes, ou des redites, on peut en voir absolument partout. Regardez la structure narrative de l'Attaque des Clones. Maintenant, regardez l'Empire Contre-Attaque. Des similitudes, il y en a: la romance "interdite", le padawan qui se précipite vers un Seigneur Sith avec une formation incomplète, les amis de Luke/Anakin qui se font prendre prisonniers... Pourtant, il y a suffisamment d'éléments nouveaux pour nous faire oublier ces similitudes.

Ici, c'est un peu moins évident, un choix un peu hasardeux fait commencer le film sur BB-8 qui reçoit les plans de Starkiller, nouvelle arme surpuissante du Nouvel Ordre. Un peu comme R2 sur le Tantine IV. Mais après? Starkiller justement. Encore une fois, le but du jeu, c'est de détruire l'arme avec un escadron Rebelle. C'est là l'un des seul points faibles du film: la finalité reste identique à celle du IV et du VI. Et du I. Et un peu du III aussi. Pas si dramatique, hein?

L'autre point faible, c'est la musique: si certains passages sont magiques (on retrouve en plus le thème de Leia, l'un de mes préférés), il n'y a pas de thème marquant comme "Duel of Fates" pour l'épisode I ou "Hoth Battle" pour l'épisode V. Dommage.

"Mais, pourquoi?"

Question épineuse. Pourquoi qu'il est comme ça, le film? Eh bien, c'est une ré-introduction. Et pour une ré-introduction, on essaye de brosser les fans dans le sens du poil, mais aussi de poser les bases pour une nouvelle histoire. Quitte à faire de la redite, c'est parfois nécessaire pour ramener un nouveau publique, surtout qu'au fond, la copie n'est pas conforme, apporte son lot de bonnes surprises et reste bien maîtrisé par l'équipe de J.J.

"Problèmes, trous, facilités..."

Comme à l'accoutumé, certains fans pointent du doigts ce qu'ils appellent des aberrations de scénario. Mais, comme d'habitude, on ne cessera pas de rappeler que des facilités, on en trouve plus ou moins dans tout les films.

• Épisode I: Un garçon de 6-10 ans, qui a certes quelques accointances avec la Force, est capable de détruire à lui seul un vaisseau mère de la Fédération du Commerce. Sans trembler des genoux, ni être inquiété par le moindre tir de blaster.




• Épisode II: Anakin retourne sur Tatooïne PILE POIL pour voir sa mère, Shmi, mourir dans ses bras. Sans compter que Yoda et les clones peuvent approcher d'une arène sans faire le moindre bruit (alors que les Canonnières Républicaines, ça fait un foutu barouf) et sans se faire repérer.




• Épisode III: Padmé meurt en couche, alors que Leia semble se souvenir de sa mère (Épisode VI). Pourquoi effacer la mémoire de C3PO, mais pas de R2D2? Comment des maîtres Jedi confirmés et sur-entraînés se font avoir avec une telle facilité?




• Épisode IV: On envoie qu'une dizaine de chasseurs TIE pour éliminer les X-Wing alors que, non seulement l’Étoile Noire en compte au moins 100 fois plus, mais l’escadron se dirige vers le point sensible de l’Étoile Noire.




• Épisode V: Luke tombe pile poil dans une bouche de sortie. Sans se manger un mur. Et arrive à se rattraper de justesse à une antenne en dessous de la cité.




• Épisode VI: Cf épisode IV.

Donc, oui, il y a des raccourcis scénaristiques, mais ce n'est pas une nouveauté. Et encore, je n'ai donné qu'un ou deux exemple pour éviter que la liste ne soit trop longue.

On parle souvent de Kylo Ren trop faible et Rey trop forte. Là aussi, c'est une libre interprétation. Pour moi, Ren est une tanche, entraîné mais non réceptif, trop tiraillé entre les deux côtés de la Force pour se concentrer sur un combat. Il est blessé en prime. Fichtre.
Rey, elle, est plus calme, essaie de faire appel à la Force, et y arrive quelque peu: le combat n'est pas harmonieux et c'est voulu, les deux sont loin d'être des maîtres.

En tout cas, les personnages laissent présager du bon pour la suite des évènements, si on continue sur cette lancée, le VIII sera tout aussi spectaculaire! Le pire, c'est qu'il va falloir attendre 3 ans pour le voir. Sigh