Une question de principes

Depuis le temps que j'en parle, fallait bien que j'y passe à un moment où un autre.

Avant de parler de ce film, je vais vous parler de la notion de principes, qui intervient dans énormément de mes critiques (et jugements en général).

Avoir des principes, c'est un peu comme établir son propre code moral et, accessoirement, s'y tenir quelque soit la situation (sinon ça sert à rien d'en faire, sinon perdre du temps). Ce qui, en soi, est à rapprocher de l'amour de soi (pas l'amour-propre, l'amour-propre c'est un peu péjoratif).

Quelqu'un qui a des principes et qui les respecte, c'est quelqu'un qui est fidèle à lui-même, et même si ses principes lui disent de râler à tout va, au moins ce quelqu'un se respecte.

C'est évidemment mon cas pour ce film, mon avis est dicté par mes principes. Et vu que la personne qui a établi ces principes n'est autre que moi-même, mon avis vient de moi. CQFD

Et c'est pourquoi je ne peux que détester ce film.

Et maintenant, un petit résumé de tout ce qui fait qu'il est ma hantise.

Tout commence en 2012, avec le rachat de la licence par Disney. À cette époque, on savait ce que ça voulait dire : un septième Star Wars allait voir le jour, voire un huitième et un neuvième. On s'en foutait que ce soit Disney, on savait juste que ça allait remettre la machine en marche. Si seulement on avait su...

Quand les premières images sont tombées, c'était l'hystérie collective.

Quand un premier trailer est sorti, c'était l'orgasme chez tout un chacun.

Quand la campagne marketing a commencé, les choses se sont gâtées.

Y'a un chanteur que j'aime bien (Didier Super) qui chantait :

Beh ouais un peu de publicité ça compense la qualité

C'est pareil avec un film de cinéma

Plus on en fait plein de pub à la télé

Plus t'es sûr de tomber sur un navet

Bon, c'est pas le seul qui l'a dit mais c'est le seul qui me vient à l'esprit là maintenant. Bref.

La campagne de pub pour Star Wars7 a été un cauchemar. Y'en avait partout : sur internet, à la télé, dans le métro, dans la rue, sur les bus, partout. Même les gens n'avaient que ça à la bouche. Impossible d'y échapper, à moins de s'isoler chez soi (j'exagère à peine).

Et en plus il a accompli l'exploit de se rentabiliser avant sa sortie en salles, rien qu'avec le marketing derrière (je vous laisse relire Didier Super). Ça, c'est le premier point.

Deuxième point : certaines personnes que je côtoyais qui se disaient "cinéphiles" (c'est-à-dire qui regardaient du "vrai cinéma" et qui me fustigeaient quand je disais que j'aimais bien Iron Man (le premier)) et qui ont adoré Star Wars 7. Je suis peut-être de mauvaise foi en disant ça, mais je préfère ça que d'être hypocrite.

Troisième point : la queue de trente minutes au cinéma quand je suis allé le voir (trois semaines après sa sortie), mais ça c'est parce que j'aime bien râler.

Ça fait déjà trois points négatifs, et à ce stade j'ai toujours pas vu le film. Mais bon, une fois dans la salle, je passe outre et m'installe. Le film commence enfin et s'ouvre sur son seul bon point, l'introduction typique des Star Wars avec les crédits, la musique et tout ça. C'est après que ça s'est gâté.

Que dire ? Rien ne va dans ce film. Déjà, j'ai été déçu de ne pas voir le logo Disney au début (assumez votre rachat quand même, c'est grâce à lui que vous êtes là), mais ça c'est un détail. Ensuite, le film est d'une déception pantagruélique. Trente ans après la sortie du 6. Dix ans après la sortie du 3. Et vous nous sortez... ça ? Sérieusement ? Un repompage complet de Star Wars 4 jusqu'au moindre détail (le broyeur à ordures par exemple) ? Sérieusement ? Encore un drame familial toujours autour des Skywalker dont on en a rien à foutre ?

Non, je suis désolé, je ne peux pas accepter ça. Je ne peux pas concevoir que ce film ait marché. Pas après la tragique histoire de Prometheus trois ans plus tôt (pour rappel, les fans ont râlé parce que son scénario ressemblait un peu trop à celui d'Alien, dont il faisait office de préquel). Non, je ne peux pas.

Et cette hypocrisie, sérieusement...

Tenez, je vais vous raconter une anecdote : à un moment du film, on suit un stormtrooper pendant une minute environ (il n'est pas important pour l'histoire). Il se trouve que ce stormtrooper est joué par Daniel Craig (non crédité) qui tournait un James Bond sur le plateau d'à côté. Parmi les "cinéphiles" cités plus haut, j'en ai entendu dire "ah ouais mais je l'avais reconnu, avec sa démarche." Sachant que le gusse a une démarche absolument indifférenciable des autres stormtrooper (ce qui est normal hein, ce sont des soldats), soit tu te fous de ma gueule, soit tu te fous de ma gueule. Reconnaître la démarche de ta mère ou ton meilleur ami, pourquoi pas, mais reconnaître la démarche - quelconque - d'un acteur... Je marche pas.

Avant j'aimais Star Wars, maintenant je n'en peux plus. Ce film restera pour toujours et à jamais ma bête noire, ma hantise. Surtout à cause des gens, en fait. Mais que voulez-vous, c'est ça avoir des principes.

T'as toujours pas compris ? Je te simplifie la chose :

Dans film, eux aimer des trucs que moi pas aimer (ex : le nouveau droïde, insupportable)

Toujours dans film, eux pas aimer des trucs que moi aimer (ex : les crises de colère de Kylo Ren, qui le rendent plus humain)

Eux aimer plus de trucs que moi en aimer

Or eux aimer film

Donc moi pas aimer film

Et moi pas aimer eux.

Après tout, on ne peut pas tout aimer.

Et certainement pas ça.