C'est un événement générationnel, craquez vos slips, Star Wars est de retour là où on ne l'attendait plus. Et à juste raison d'ailleurs, car après l'échec critique de la prélogie, on espérait gentiment en avoir fini avec cette saga qui émerveille petits et grands sur toutes (oui toutes) ses instances.


Mais c'était sans compter sur l'hydre que représente les grandes oreilles bien avisées de Disney qui, par initiative ou par opportunisme, profite de la fatigue ambiante de George Lucas pour rafler la licence à son créateur pour la bagatelle de 4 milliards de dollars. Une affaire quand on sait ce que le studio compte faire de son nouveau joujou : une nouvelle trilogie et une main mise empirique sur une galaxie de produits dérivés joignant inégalement l'utile à l'inutile. Le premier film de ce contrat est d'ores et déjà proche de toucher le milliard de dollars de recette au box-office grâce à une campagne marketing agressive et sans pitié. Et ils peuvent se le permettre car Star Wars, ça titille notre nostalgie et notre passion pour les films d'aventure, et en plus le réalisateur du 7ème épisode s'avère comme par hasard être un grand spécialiste du style des années 80 remis au goût du jour.


Cependant, rarement un film aussi évidemment commercial n'aura autant fait parler de lui, un septième épisode qui plus est. Car la part artistique qui avait fait toute la sève et la spontanéité des premiers Star Wars est parfaitement absente. Cette nouvelle trilogie s'émancipe intégralement de l'influence de George Lucas, tout ça parce qu'il aurait merdé à balle sa fameuse prélogie. Mais Disney la joue safe. La majorité des gens qui aiment Star Wars cherche de l'aventure et de l'action et non pas la complexité politique avancée il y a 15 ans telle une menace fantôme.


Raison pas raison ? Personne ne le saura. Mais en attendant il y a un contrat à remplir et 4 milliards à amortir.


Cette nouvelle trilogie que personne de censé ne demanderait (ou ne réaliserait car apparemment Disney aura cherché longtemps le gugus prêt à se mouiller) est amorcée par Le Réveil de la Force. Et c'est JJ Abrams, réalisateur étonnamment bankable, qui s'y colle. Mais JJ il sait qu'il est dans la merde avec ce cadeau empoisonné. Il sait que quoi qu'il arrive, son épisode sera critiqué de fond en comble. C'est un combat perdu d'avance et la problématique mute. Donc. Comment décevoir le moins de gens possible ? En étudiant ardemment la trilogie de base, en extraire le meilleur, évacuer le (peu) de superflu qui y réside et bien touiller.
Cela ne l'empêche pas, cela dit, de proposer de nouveaux détails bienvenus dans l'univers. Une héroïne fragile mais déterminée, se moquant avec charisme des canons de beauté de notre société. Un héros, black, Nième roue d'un carrosse qu'il ne supporte plus et cherchant désespérément un but dans sa vie. Si la structure sonne comme un écho, les cartes sont suffisamment bien mélangées pour l'étouffer. A défaut d'être original, le spectacle doit être grandiose, mais il ne peut l'être que grâce à des personnages compréhensibles et attachants, et c'est exactement ce que JJ réussit. Malheureusement il ne résiste pas à l'envie de revenir sur les sentiers battus avec moults référence à l'ancienne trilogie (rappelant ces agaçants trivia sur facebook) et en réincorporant nos personnages préférés dans le cœur de l'intrigue. JJ est trop attaché à la portée symbolique de personnages comme R2D2 ou C3P0 et oublie leur fonction primaire car pour être honnête, ces personnages n'ont plus vraiment de mission à accomplir. De la même façon, la princesse Leïa qui dirige à nouveau la résistance, ça sonne comme une blague.
Si l'on oublie le tandem relativement fort composé de Rey et Finn on se retrouve du coup dans une fan fiction bien sage cadencée comme un agenda d'écolier. Mais attention, hein, l'écolier en question c'est le premier de la classe..
Il faut remorderniser des éléments vieillissants. Le peu de mobilité d'un R2D2 est troqué par l'agilité d'un BB8. Ne pas hésiter à faire dans l'effet pratique. Rappeler coûte que coûte John Williams. Grâce à tout cela, Le Réveil de la force obtient son titre de vrai Star Wars et regagne le réalisme que la prélogie avait raflé.
Reste à mentionner la fin avec son lot de twist que je ne révélerai pas ici mais qui traduisent une réelle intention de vouloir s'approprier la saga, au-delà d'y être fidèle. Tentative futile car le choc paraît prévisible, voire attendu. Mais échoue à décrocher une émotion tant notre investissement se résume à de la nostalgie et à des paillettes dans les yeux. Reste un dénouement directement sorti du shonen le plus fumant qui soit, là où tous les Star Wars avaient la décence d'aboutir sur une note finie et emplie d'espoir. Ici la coupure est aussi malvenue que celle de la Désolation de Smaug. L'histoire semble commencer ici sur ces dernières vingt minutes, et tout le reste révèle alors sa vraie identité : un fan service outrancier. Le film finit là où un film bien plus couillu semble commencer.
Star Wars VII en devient-il désagréable pour autant, bien au contraire. Le film ne fait rien de mal. Rien d'étonnant pour JJ Abrams dont la filmographie est parsemée de réminiscences des grands classiques du cinéma. Star Wars n'est pas l'exception et il profite de l'occasion pour peaufiner sa patte et policher le peu d'originalité qu'il a sous la manche (plans séquence vertigineux et Lens Flares avec un nouveau panache bienvenus). Faut-il le voir ? Personne ne pourra vous en dissuader tant l'anticipation et la curiosité est grande. Le spectacle en vaut la chandelle, le plaisir est difficile à dissimuler. Quant à l'originalité, ou le renouveau, ou la surprise, nous attendrons les prochains épisodes. Pour l'heure, place à la nostalgie, aux retrouvailles et au spectacle. Pourquoi pas hein, mais ça ne valait pas le coup d'en parler autant. C'est tout de même plus rigolo de bâcher Jar Jar Binks que de reprocher à JJ Abrams d'avoir fait son travail pour lequel on s'accordera à lui délivrer un joli diplôme mais sans mention spéciale.

davidalin96
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le 21 déc. 2015

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