Critiquer Star Wars, ne pas l’aimer, c’est un peu comme avec la dernière saison de GoT. Ça fait bien sur le CV et ça montre à quel point nous sommes de fins limiers de la critique cinématographique. Parfois à juste titre, parfois avec beaucoup de mauvaise foi. Je ne comprends pas ce que les gens attendent d’un film comme Star Wars. Depuis la toute première trilogie, cette saga porte le même message, offre des arcs similaires et c’est souvent quand ils ont cherché à le complexifier que la qualité s’est vue amputé. A quoi bon innover, si c’est pour se planter ? Et a quoi bon innover tout court, quand on maîtrise avec brillo, ces dits arcs ?


Parce que L’ascension de Skywalker c’est exactement ça. Un retour aux sources maîtrisé avec qualité. Pour moi, c’est le meilleur de la trilogie. On nous présente un film organique, où tout se lie de façon intrinsèque, peut être parfois avec la densité d’une jungle amazonienne mais où tout semble à sa place. Le film commence dans le vif, à l’instar d’Un nouvel espoir qui nous propulsait dans un vaisseau inconnu, nous montrant une femme inconnue avec des plans inconnus. C’est un peu ça, Star Wars. Ça et les jeux d’acteurs peu assurés, l’humour à revendre et des longueurs. On oublie volontiers, les quelques lacunes d’une saga, parce qu’elle est devenue culte et que ce qu’elle proposait à l’époque, était suffisamment fou pour qu’on lui pardonne. L’Ascension de Skywalker à été conçu comme le dernier épisode d’une saga, le point d’honneur d’une histoire débutée il y a quarante deux ans. Alors forcément, on allait retrouver une structure similaire, des liens évidents et surtout, les Jedi vainqueurs. C’est comme ça depuis une quarantaine d’années, à quoi vous vous attendiez ?


Parce que ce film, s’il reste un film de divertissement, se pare de quelques atouts qui font de lui, un bien meilleur blockbuster que ce que l’on peut voir fleurir un peu partout. Des scènes à l’esthétique travaillée, un dynamisme constant et dépourvu de longueur. Je peux comprendre qu’on ait l’impression que tout aille trop vite et qu’on nous serve un peu toutes les informations à la pelle, mais c’est uniquement du au traitement du précédent volet qui était aussi creux et vain en termes d’apport scénaristique qu’on puisse l’être. Du coup forcément, ça peut surprendre. Mais ce n’est franchement pas dérangeant. Les clins d’yeux au Japon toujours vivaces entre la réparation façon Kintsugi du casque de Ren, le choix de Rey concernant son nom de famille, l’éternelle tempérance des Jedi et la difficulté de l’être au quotidien. Petite note à part pour la dyade de la force que forment Ren et Rey, qu’on retrouve dans certaines mythologie (Frey et Freya, Isis et Osiris, Appolon et Artémis etc…) Ont été mis de côté les acteurs un peu trop défaillants en termes de jeu et d’intérêt pour se focaliser uniquement sur les héros principaux (Adam Driver et Daisy Ridley forment un duo que j’aime franchement par-dessus tout). On n’oublie pas, et comment on aurait pu faire une belle clôture sans eux, les héros de la première saga ? Ce dernier hommage avant le chant du cygne, particulièrement valable pour Carrie Fisher, dont ils auraient pu se contenter de retirer les scènes et simplement la mentionner. Mais non. Elle était l’emblème de ces films, les deux derniers Skywalker, le dernier témoin d’une saga désormais lointaine. Alors peut être que c’est plein de bons sentiments, mais si on n’en fait pas dans Star Wars, où en faire ? Et de fait, avoir le retour d’un méchant emblématique ce n’est pas si invraisemblable, d’autant que dans le prélogie même, il disait savoir comment vaincre la mort (on parle quand même d’un Sith complètement dépendant d’une technologie et reclus dans les tréfonds d’une planète sinistre).


Est-ce que j’aurais aimé voir un Rey en Dark Rey ? Bien sûr. Est-ce que j’aurais peut-être aimé que Rey finisse au bout d’un sabre ? C’est possible aussi. J’avais tellement de fins en tête que je me suis aussi rappelée que J.J Abrahams en avait une aussi et elle est clairement ce que Star Wars attend. Un happy end. Mais on le sait, on l’a toujours su. On sait comment toutes les trilogies se terminent et on prend toujours le même plaisir à le regarder. Et c’est aussi pour cela, que le choix de Rey concernant son nom de famille n’est pas si absurde. J.J Abrahams nous prévient dans son film, que star Wars est un moment festif, évident, avec cette fête dans le désert tous les quarante-deux ans (soit la date entre le premier Star Wars et celui) : alors que Rey de part son choix, nous ramène aux Skywalker du commencement, où est le problème ? Elle a choisi le nom des maîtres qui l’ont formé, elle a choisi sa destinée en refusant l’inéluctabilité de son sang. Les Skywalker de sang ou de cœur sont ceux dont les actes et les choix ont eu des répercussions plus que significatives dans la Force.


C’est un film de divertissement et je le juge en tant que tel : c’est un tour de force aussi palpitant qu’esthétique. Il est bien meilleur en termes de jeux d’acteurs, en termes d’écriture et de travail visuel que n’importe quel autre sous-produit Disney. Avant de le jugez pour ce qu’il n’est pas, rappelez vous d’où il vient et ce pourquoi il a été fait. Notre besoin constant d’innovation et de surprise doit être mis en sourdine pour juger de quoi que se soit. Film, séries, jeux vidéo ou livre, sont avant tout, le produit issu de l’imagination et du travail d’un ou plusieurs individus avec leur vision d’ensemble. Nous ne devrions pas pré supposer que notre volonté prévaut sur celle de leurs créateurs. Star Wars c’est le genre de saga qui parle à une telle variété d’individus, issus de tellement de milieux…Ce n’est guère étonnant qu’on trouve autant de détracteurs que d’admirateurs.

Nelenia
8
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le 1 janv. 2020

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