Misère... Bon eh bien, une fois de plus, c’était nul.


Sans surprise, et à l'instar du Réveil de la Force qui était déjà une resucée complète de l’épisode 4, ce nouvel épisode signé JJ Abrams s’avère parfaitement inintéressant puisque se limitant encore une fois à rester sagement dans les clous de la trilogie originale. Et ceci alors que la fin de l'opus précédent établissait pourtant une situation jusqu'alors inédite (plus de maîtres, Rey et Kylo étaient désormais seuls) et laissait à ce titre espérer une suite un tant soit peu originale. En vain...


Là où d'autres y auraient vu une formidable opportunité de raconter une histoire encore inédite, Jar Jar Abrams choisit lui de rétropédaler : plus de Snoke, comment ça, plus de Snoke ? Mais comment diable va-t-il bien pouvoir remaker le troisième acte du Retour du Jedi sans son ersatz de Palpatine ? Qu’à cela ne tienne, on ressuscite Palpatine ! Sortir de nul part un nouvel ersatz aurait été difficile à justifier, donc tant qu’à prendre les spectateurs pour des jambons, autant déterrer l’original (et par là même rendre inutile le sacrifice d’Anakin à la fin du 6). Tout plutôt que d’innover !


Alors on essaiera – évidemment – de nous faire croire que ce retour était prévu dès l’épisode 7, ce qui, si c’était vrai (spoiler alert : c’est faux), rendrait encore plus ironique le fait que les scénaristes n’aient même pas été foutus en quatre ans de trouver un semblant d’explication à sa survie – un sujet balayé en deux malheureuses et laconiques répliques dans le film. Mais bon, la survie d’un type – aussi puissant soit-il – tombé au fond d’un puits de plusieurs kilomètres qui sera désintégré cinq minutes plus tard est un point superflu, j’imagine… Passons.


Le film poursuit donc cette désagréable habitude entamée depuis l’épisode 7 de se reposer paresseusement et cyniquement sur la trilogie originale, dans sa structure comme dans ses décors et ses vaisseaux - le tout sans la magie, évidemment. Nous commencerons donc ce neuvième épisode par une escale sur une Tatooine-bis (la troisième depuis Le Réveil de la Force, quand même), où nous retrouverons ce bon vieux Lando (qui ne servira à rien de tout le film mais, vous comprenez, c’était un personnage de la trilogie originale !) et croiserons un gros monstre dans un gouffre (mais nous sommes en 2019, donc le monstre pas beau est en fait une créature en souffrance, que l’on va soigner plutôt que combattre. Intègre, elle laissera ensuite nos héros tranquilles - sympa).


Quelques mésaventures encore inédites (oh !) s’ensuivent, on zappe la partie – pas assez fédératrice – avec les Ewoks (on fait un petit passage sur Endor quand même – pas folle la guêpe !), puis le film retourne sagement sur les rails du Retour du Jedi : on passe faire un coucou au maître Jedi exilé qui nous a formé dans le film précédent puis on va se jeter dans la gueule du loup affronter Palpatine pendant que les copains guerroient dans le ciel au-dessus. Le salut viendra évidemment du casque noir… Puis c’est la fête, l’Empereur est mort, sa flotte est détruite, tous les rebelles se font des câlins, un couple de femmes s’embrassent (qui a dit qu’Abrams n’innovait pas ?!), les fantômes apaisés des mentors passent dire bonjour et c’est la fin. Voilà. Toute une trilogie pour en arriver au même point qu'à la fin du 6, avec des nouvelles têtes à la place des anciennes. Palpitant !


Alors le bon aspect du retournement de veste opéré par Abrams par rapport au film précédent, c’est le passage à la trappe du plus gros apport de Rian Johnson, j’ai nommé l’insupportable chubby Rose Tico – qui se limite désormais à de la figuration. Il poursuit en revanche sur le sacrifice avorté (par la fameuse Rose Tico) de Finn à la fin du 8 en présentant ici pas moins de trois (!) il-est-mort-mais-en-fait-non (ce qui dans le cas d’un des personnages – un droïde – se présentera sous la forme d’un effacement de mémoire). Ces morts sont systématiquement désamorcées le plus vite possible, si bien que pour la première d’entre elle, le spectateur est déjà au courant de la survie du personnage avant même la scène émotion entre les autres héros qui se recueillent et scandent « Pour Untel ! ». Ce qui est complètement ridicule… A quoi bon faire semblant de tuer un personnage pour en fait le ramener cinq minutes plus tard – et alors que sa « mort » était de toute façon tellement nulle qu’aucune émotion ne s’en dégageait ? Et bordel, ce procédé est utilisé trois fois dans le film ! Pourquoi ? C’est un running-gag que je n’ai pas saisi, en fait ?


Pareil pour les cinquante nouveaux pouvoirs de Rey dans le film, ce doit être un running-gag, je ne vois que ça. Rey qui, sur la Tatooine-bis, te régénère (!) un monstre, one-shot un chasseur TIE au sabre, stoppe un vaisseau en plein vol puis lance de la foudre (!)… tout ça en cinq minutes. Hein ?! D’où ils sortent, tous ces nouveaux pouvoirs ? Même chez Franquin, le Marsupilami était moins cheaté et n’accumulait pas autant de nouveaux pouvoirs par épisode. C’est complètement délirant.


D’ailleurs, si Rey est, elle, surpuissante, ses adversaires, eux… pas un n’assure le spectacle. Les chevaliers de Ren, annoncés depuis l’épisode 7 ? Cinq minutes – montre en main – de présence à l’écran : trois scènes dont un affrontement (perdu, évidemment) et puis s’en vont. Waw. Menace de qualité. Non, je rigole : un beau pétard mouillé. Comme le capitaine Phasma, comme le général Câlins, comme le suprême leader Snoke, comme… comme tous les nouveaux méchants de cette nouvelle trilogie, en fait. Et il est là, le problème : cette postlogie aura finalement échoué à créer le moindre antagoniste valable. Tous auront été humiliés et/ou sacrifiés à une telle vitesse qu’aucun n’aura réellement eu l’opportunité de briller un tant soit peu à l’écran ou, au moins, de s’imposer comme une menace crédible. Tout ça pour finir en ramenant d’entre les morts l’empereur Palpatine afin d’avoir un méchant digne de ce nom à opposer aux héros dans le final. Un Empereur Palpatine d’ailleurs plus puissant que jamais et dont le retour à la vie ne sera jamais vraiment expliqué. A quoi bon d’ailleurs ? Les fans s’en chargeront.


Heureusement, le trop rare Ian McDiarmid n’a pas perdu le mojo et en fait encore des caisses avec délice dans le rôle dudit Palpatine. Si bien qu’il arrive, aussi ridicules soient les événements illustrés à l’écran, à rendre sa courte partie un peu plaisante à regarder. D’autant plus que pour une fois, le décor, sinistre et imposant, claque bien.


Un autre bon point du film tient lui au traitement du personnage de Leia – une affaire loin d’être évidente, Rian Johnson n’ayant pas eu la présence d’esprit de tuer le personnage avec l’actrice lors de l’épisode précédent et ayant courageusement préféré refiler la patate chaude à son successeur. Et contre toute attente, Abrams ne s’en sort pas si mal. L’idée d’exploiter des prises non utilisées du 7 me faisait très peur mais finalement, le rôle bricolé est correct. Tant mieux.


Mais bon. Ces deux points ne sont que des détails à l’échelle de ce film, qui s’avère globalement aussi affligeant et ennuyant que ses deux prédécesseurs. Sur le fond, Abrams continue de capitaliser un maximum sur la nostalgie de la trilogie originale pour brosser les puristes dans le sens du poil ; et dans la forme, il nous livre un blockbuster lambda de son époque, sans identité aucune, où tout va très vite, où l’on ne prend jamais le temps de se poser deux secondes et où l’âme de Star Wars n’est plus qu’un lointain souvenir. Tout ça est tellement ennuyant… Dire que Disney ont entre les mains une licence dans laquelle tout est possible, où tout reste à explorer, mais non, ils préfèrent remaker la trilogie originale… Et que l’on ne vienne pas me dire qu'il n'est plus possible d'innover avec une franchise pareille ! George Lucas s'en faisait lui un point d'honneur, Disney semblent eux en avoir horreur.


Un amer constat qui faisait déjà mal au cœur à l’époque du Réveil de la Force mais devient carrément déprimant après leur cinquième film en quatre ans.


Bref, merci Jar Jar Abrams, merci Kathleen Kennedy et merci Disney pour avoir réussi l’exploit de faire de Star Wars une franchise lambda !

ServalReturns
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le 19 déc. 2019

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