Le problème avec ce film c'est que la forme utilisée - une sorte de long clip aux couleurs acidulées avec force ralentis et voix off - est censée coller au plus près du fond, un portrait peu flatteur d'une jeunesse américaine en mal de repères. Ainsi, on imagine bien, dans la démarche du réalisateur, que la saturation ressentie face aux effets employés (couleurs, musique, rythme...) est supposée renvoyer à l’écœurement que génèrent les différents personnages et propos du film. Et il faut reconnaitre que la démonstration de ce point de vue est assez efficace : le petit groupe de jeunes gens dont il est question ici incarnent sans la moindre pudeur une Amérique complètement à côté de la plaque, obsédée par les questions de l'image de soi et du fric. Jusqu'à la caricature. Jusqu'à l'absurde.
Après tout pourquoi pas.
Mais encore faut-il avoir l'envie - ou le courage ! - d'adhérer à cette posture. Et là, c'est chacun selon ses limites. En ce qui me concerne, le spectacle de ces bimbos décérébrées en admiration béate devant le mâle dominant arborant flingues, grosses bagnoles et biftons en veux-tu en voilà dans une mise en scène à l'avenant, m'a été trop pénible pour que je puisse apprécier la démarche politique si tant est qu'il y en ait une. Il y a là tant de bêtise et de propos consternants (chez les personnages) que cela en est même totalement déprimant.
Spring Breakers est une curiosité à connaitre ne serait-ce que pour son parti pris extrême et assumé mais pour ma part, tant qu'à passer une heure et demi dans une ambiance fluo/survoltée/hot je préfère de loin le très gratuit mais très jouissif Kaboom de Gregg Araki.


Personnages : 2/10
Scénario/histoire : 3/10
Mise en scène/réalisation : 6/10


5/10

Créée

le 11 janv. 2017

Critique lue 374 fois

9 j'aime

5 commentaires

Theloma

Écrit par

Critique lue 374 fois

9
5

D'autres avis sur Spring Breakers

Spring Breakers
Chaiev
5

Une saison en enfer

Est-ce par goût de la contradiction, Harmony, que tes films sont si discordants ? Ton dernier opus, comme d'habitude, grince de toute part. L'accord parfait ne t'intéresse pas, on dirait que tu...

le 9 mars 2013

244 j'aime

74

Spring Breakers
Before-Sunrise
1

Halt Disney

Le film démarre comme un clip de MTV, avec de la musique merdique et la caméra qui tremble. Il n’y a pas de dialogue, juste des cons qui sautent à moitié à poil en buvant de la bière (yeaah on se...

le 16 mars 2013

161 j'aime

39

Spring Breakers
real_folk_blues
2

Vous êtes le maillot faible, au revoir.

Si faire rouler des culs souillés par la bière et la sueur en 120 images secondes pendant une heure trente correspondait à l’image que je me faisais de la représentation du carpe diem contemporain,...

le 13 sept. 2013

140 j'aime

79

Du même critique

Us
Theloma
7

L'invasion des profanateurs de villégiature

Avec Us et après Get Out, Jordan Peele tire sa deuxième cartouche estampillée "film d'horreur". Sans vraiment réussir à faire mouche il livre un film esthétiquement réussi, intéressant sur le fond...

le 21 mars 2019

107 j'aime

33

Ad Astra
Theloma
5

La gravité et la pesanteur

La quête du père qui s’est fait la malle est un thème classique de la littérature ou du cinéma. Clifford (Tommy Lee Jones) le père de Roy Mac Bride (Brad Pitt) n’a quant à lui pas lésiné sur la...

le 18 sept. 2019

97 j'aime

55

Life - Origine inconnue
Theloma
7

Martien go home

Les films de série B présentent bien souvent le défaut de n'être que de pâles copies de prestigieux ainés - Alien en l’occurrence - sans réussir à sortir du canevas original et à en réinventer...

le 21 avr. 2017

81 j'aime

17