Le doute (s’il a un jour existé) n’est désormais plus permis : Into the Spider-Verse a marqué un véritable tournant dans le monde de l’animation. Outre le fait qu’il ait, dès sa sortie, rencontré un succès, aussi bien critique que commercial, fracassant, le conduisant jusqu’aux Oscars où il décrocha la statuette haut la main tant le spectacle proposé en 2018 avait tenu ses promesses, ou encore qu’il ait su apporter un vent de fraîcheur plus que bienvenu dans l’univers cinématographique des super-héros, son influence est allée jusqu’à se tisser aux contrées de Fort Fort Lointain en donnant un coup de fouet à la saga du Chat Potté (et peut-être même celle de Shrek) et aux égouts de New York (d’un autre univers que celui de Miles Morales, cela va sans dire) où une nouvelle génération de Tortues Ninja vont faire leur preuve cet été. Cette surprise avait laissé derrière elle une telle emprunte qu’on aurait presque pu souhaiter qu’on en reste là pour mieux la savourer dans la longévité (après tout, si nous avions quitté Miles en pleine maîtrise de ses nouvelles capacités, la fin aurait été ouverte mais particulièrement satisfaisante, comme a pu l’être celle du Parrain ou d’Avatar à titre de comparaison).


Cependant (et manifestement), en enfonçant à la dernière minute la porte interdimensionnelle, Phil Lord et son équipe de scénaristes avaient de la suite dans leurs idées et Across the Spider-Verse l’illustre on-ne-peut-mieux. On peut même facilement aller encore plus loin en affirmant qu’il met la barre encore plus haut car le postulat est simple : tout ce qui faisait le sel d’Into the Spider-Verse est ici décuplé !


Si ce second volet compte, à l’instar de son aîné, quelques facilités au niveau de son scénario, rares sont les films à être aussi divertissant sur la forme : vertigineuses, revigorantes, audacieuses, fluides et innovantes sont d’autant d’adjectifs qui viennent immédiatement en tête face à ce flux d’images qui ne tarie pas et qui réussi à tenir le spectateur en haleine pendant plus de deux heures. A cette liste peut également être ajouté le terme « recherchées » : après avoir manié avec adresse les bulles, cases et autres leviers propres aux comics dans Into the Spider-Verse, l’équipe artistique accorde ici une place de choix à la gestion des couleurs, ce qui permet de conférer une identité propre à chacun des univers visités par Miles and co et de donner une seconde couche de lecture en véhiculant par leur biais les émotions des personnages. Autant dire que la composition d’un bon nombre de plans ne donne qu’une seule envie : mettre la projection sur pause pour repartir avec l’écran de la salle de cinéma encadré ! En parlant de pause, les fans du tisseur risquent de s’en donner à cœur joie lorsqu’ils en auront l’occasion tant le film est généreux en easter eggs : sur ce point, Across the Spider-Verse s’inscrit pleinement dans le sillage tracé en 2018 en étant un régal pour les passionnés de l’univers de Spider-Man mais il ravira aussi bien le spectateur qui se laisse tenter par le délire du multivers, lequel démontre tout son potentiel grâce à l’animation. Face à un tel résultat, No Way Home et Multivers of Madness font bien pâle figure en comparaison (et ils n’en avaient pas besoin, les pauvres…). On en profitera au passage pour préciser que, fort heureusement, les allusions (tant redoutées) au Marvel Cinematic Univers se comptent sur les doigts d’une seule main et relèvent plus du clin d’œil.


Véritable champ des possibles, le multivers, dont Into the Spider-Verse ne donnait qu’un avant goût, étend drastiquement ses frontières et le spectateur est plongé la tête la première dans un délire en roue libre. Pourtant, cette suite n’oublie pas de développer ses protagonistes : l’action est, en effet, contrebalancée par des séquences plus intimistes qui permettent de calmer le rythme. Cela concerne notamment le personnage de Gwen qui est largement mise en avant dans cette suite au point où, par moment, on aurait presque l’impression d’avoir son spin-off avant l’heure (pour preuve, elle est au centre de la séquence pour le moins bluffante d’ouverture qui fait office de back story). Across the Spider-Verse introduit, bien entendu, un certain nombre de nouveaux personnages qui manquent peut être un peu de consistance, l’action pouvant, les concernant, trop prendre le pas, mais qui occuperont une place importante dans Beyond The Spider-Verse, telle que la menace goofy mais de taille, Spot. Là encore, en choisissant un ennemi de l’homme araignée relativement inédit car assez peu exploité, ce deuxième volet surprend. Cet antagoniste, qui a, jusqu’ici, toujours été tourné en ridicule, apporte une bonne dose de cocasserie, agrémentant l’humour du métrage qui fait, une fois de plus, mouche, le tout accompagné par une bande son poignante et dynamique.


Vous l’aurez compris, Across the Spider-Verse est une prouesse technique ultra divertissante qui s’impose comme l’un des films d’animation les plus impressionnants et audacieux et qui promet une conclusion épique à la trilogie du Spider-Verse ! 8,5/10 !

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le 11 juin 2023

Critique lue 90 fois

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vic-cobb

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