Les souvenirs et les origines.
"Souvenirs de Marnie" est le premier film du studio Ghibli non réalisé par Hayao Miyazaki que je vois. Autant dire que je partais avec quelques appréhensions, et quelle joie de ne pas être déçu tout en ressentant très clairement une différence notable de narration et d'univers que celui du senseï.
On nous raconte l'histoire d'Anna, jeune fille anxieuse, presque dépressive, qui se ressent à la marge des autres enfants, "en dehors du cercle" comme elle le dit. Incompréhensible pour sa mère, qui l'a vu se transformer du jour au lendemain, sans comprendre. Son anxiété lui provoque de l'asthme, c'est donc dans l'optique de se ressourcer qu'elle est envoyée en vacances chez des parents de la famille qui habitent à la campagne.
J'aime les films japonnais, car même si ils traitent des mêmes sujets universels à tout être humain, ils nous montrent un traitement différent. Et celui de "Souvenirs de Marnie" déroute au début, pour ensuite nous attraper et nous bouleverser complétement. La narration et la mise en scène est magnifique, soigne sa présentation et permet une foultitude d'interprétation au fur et à mesure du film, si bien que tout à chacun se sentira touché par cette histoire. Elle parlera à tout le monde, elle nous fera ressentir comme nôtre le désarroi d'Anna, à travers sa relation avec la fameuse Marnie.
Niveau animation, c'est encore exceptionnel. Mais bon, le standard de qualité du studio n'est plus à préciser, tout le monde reconnait la patte du studio, à la manière de Pixar ou de Disney fut-un temps. C'est un éblouissement rétinien permanent, qui se renouvelle dans la continuité. On est bercé, dorloté, cajolé par ce déferlement de couleurs, de teintes, de paysages. Bien que s'ancrant toujours dans une certaines idées du fantastique, le film est beaucoup plus lié au réel que les films précédents du studio, et marquent donc clairement une scission avec l'univers particulier de Miyazaki.
Bref, c'est encore (et sans surprise) un petit bijou d'animation, qui m'a fait lâcher une larme à la fin. Un beau récit, raconté avec des yeux d'enfants et un émerveillement constant. Du Ghibli pur jus, qui fait passer par pleins d'émotions, qui nous retourne, et qui nous fait réaliser encore un peu plus une part de nous même. C'est beau, du cinéma qui donne autant.