Song for a Raggy Boy par Le Blog Du Cinéma

Saint-Jude Thaddée est cet Apôtre des Causes Désespérées qui, en son temps, souffrit le martyre. C'est aussi le nom qui se retrouve sur le frontispice du pensionnat dont il est question dans 'Song for a Raggy Boy'.

Ce film est basé sur l'autobiographie de Patrick Galvin, qui vécut dans un pensionnat catholique irlandais dans l'entre-deux guerre, soumis à la férule des ecclésiastiques, en ces temps où régnait une Omerta sans pardon. Un pacte (tacite ?) entre les professeurs et les pères figeait le modèle familial au seul rapport poli entre ses membres, excluant l'affectif, le rôle des mères réduit à néant. Dans ce contexte social, ces écoles de redressement irlandaises agissaient en toute impunité, l'Institution édictant son propre code moral, fixant les règles de conduite, intra muros, sans aucun contre-pouvoir.

Aisling Walsh se penche sur un événement sordide de l'histoire catholique irlandaise, comme l'a fait un an auparavant Peter Mullan avec The Magdalene Sisters (2002). Le canevas du film repose en grande partie sur ce professeur de poésie, Monsieur Franklin (Aidan Quinn) qui a survécu aux batailles de tranchée contre les armées du Généralissime Franco. Fraîchement débarqué sur les côtes irlandaises, cet homme, plus attaché aux valeurs humaines qu'au dogme, pénètre l'antre carcéral du pensionnat de St-Judes, emmenant dans ses valises des recueils de poésie.

Seul adulte ne faisant pas partie du 'sérail', Monsieur Franklin apporte au récit ce regard extérieur qui sert de point d'ancrage pour l'évolution des caractères : l'intrus, qui refuse de se plier au code institué, vient modifier les comportements des élèves et des ecclésiastiques. Une forme de chaos spirituel et hiérarchique s'installe progressivement au sein de la communauté, l'autorité qui fait foi depuis des décennies s'effrite (à l'instar du muret dans la cour de recréation) sous l'impulsion d'une nouvelle forme de réflexion émanant des élèves. Certes, il est commode d'ergoter sur le traitement prosaïque d'un tel sujet : l'art au service du changement et du bien, mais les faits sont là, et les voix, pour s'élever contre cette forme fascisante d'intolérance humaine, sont restées muettes pendant des décennies [...]
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le 26 févr. 2011

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