Souvenez-vous le 21 Décembre 2012 c'était la fin du monde. Logique, donc, que 2013 accouche d'autant de film post-apocalyptiques. Que ce soit (presque) seul sur terre, à l'envers, en famille, au milieu de zombies, dans de gigantesques robots ou dans l'espace, toute semble un bon refuge. Mais on peut plus se le cacher, le genre est essoufflé.
Le départ est très précipité, la mise en situation par des extraits de journaux TV n'est pas très originale mais efficace. Dommage qu'elle ne dure pas plus ou qu'une autre idée vienne au fur et mesure apporter des éléments à l'intrigue. Quand le récit est raconté par les dialogues des personnages c'est très bancale. Le scénario intéressant au départ en est alourdi et décrédibilisé. En revanche ce démarrage canon permet de rentrer immédiatement dans le vif du sujet et c'est tout de suite captivant.
Grâce à des rôles bien écrits et interprétés avec une grande justesse, l'adaptation certes maladroite dans la narration est tout de même remarquable dans précision. Les manques qu'il peut y avoir dans la forme sont comblés dans le fond du récit. Pas un détail ne fait dérailler la légende du Transperceneige.
A un moment donné la course révolutionnaire perd de sa vive allure. Quelque très belles images mais des ralentis interminables et patauds dans les combats; jusqu'à que le feu revienne (éblouissante fin de scène). Une longueur sur le milieu du film qui rend le voyage un poil long. C'en suit la visite du train. Dans l'intrigue c'est encore emprunté mais cela donne une dimension au spectacle et fait sortir le train du tunnel côté photographie. Cette ville sans queue ni tête (ou bien au contraire) ne prête pas à s'y plonger et s'y croire mais qu'importe le conte rendu de la vie de cette communauté sur rail est prenant. Le burlesque de la scène de classe est l'apothéose du voyage. Alison Pill est excellente dans l'extravagance.
Ces personnages farfelus (avec aussi celui de la brillante Tilda Swinton), le thème de la révolte et la glace en opposition du feu font planer Hunger Games au dessus du Snowpiercer. Chris Evans (bluffant de maturité) campe un personnage bien plus meurtri que ne peut l'être Katniss et la bonté de l'humanité est encore bien plus mise en doute.
Si le terminus laisse un vide, la dernière demi-heure est époustouflante dans l’accélération et le dénouement du récit. Tout prend son sens sans être impromptu et les yeux sont régalés. Ed Harris complète ce magnifique casting (voir le survole) et nous offre un bad-guy assez remarquable.