Remake-moi si tu peux

Avis sur Sleepless

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Sympa à regarder, Nuit Blanche, c'était un bon thriller made in France, dont le réalisateur, Frédéric Jardin, s'inscrivait dans les pas d'un Nicolas Boukhrief ou, de manière encore plus évidente, dans la démarche de l'excellent Fred Cavayé avant que celui-ci vende ses talents dans le registre de la comédie. Sans pour autant les égaler.

L'évidence du remake hollywoodien était loin de s'imposer d'elle même, surtout six ans après la première descente. En 2017, Nuit Blanche change donc de nom et devient Sleepless, tandis que Tomer Sisley, son interprète principal, s'efface au profit de Jamie Foxx. Si cette pratique un brin paresseuse pour certains, te hérisse, passe ton chemin, camarade, même si tu as dû alors rater le formidable Les Trois Prochains Jours, qui, dans un registre voisin, enrichissait son modèle, Pour Elle, et en changeait les enjeux.

Sleepless, lui, reste, peut être à l'excès, fidèle au film qu'il émule. Le scénario reprend quasi à l'identique le déroulement de ce qu'avait imaginé Frédéric Jardin et Nicolas Saada. De sorte que les confronter ne pourra que mettre en évidence les points de vue opposés des deux côtés de l'atlantique sur le genre, tous comme les défauts des deux systèmes dont les oeuvres sont le fruit.

D'un côté, Nuit Blanche est typique du genre qu'il aborde et de la volonté de son réalisateur de faire revivre le film de genre en livrant quelque chose de solide, nerveux et immersif, passant malheureusement assez inaperçu dans le marasme de la production française. Constat amer.

Sleepless, lui, se contente de reprendre l'ensemble de ces qualités en les faisant fructifier. Certaines faiblesses d'interprétations sont gommées, par exemple. Ce qui est bien devient très bien. Tout comme la qualité de l'ensemble et le casting quatre étoiles, le très bon Jamie Foxx et la fort ravissante Michelle Monaghan en tête. Il corrige aussi certaines carences d'écriture, le personnage de Michelle étant moins laissé à lui même dans la version US. tandis que quelques ressort sont modifiés à la marge, comme la relation et le rapport hiérarchique entre les deux flics à la poursuite du supposé ripoux.

Sleepless propose un très bon divertissement, nerveux, tendu et de fort bonne facture dans les mains de Baran Bo Odar. Seul reproche côté technique, une ou deux scènes d'action ne sont pas d'une visibilité folle. Pas de quoi remettre en cause le plaisir ressenti. Mais pas de quoi rester en mémoire non plus, car le film, tout bon remake soit-il, n'innove en aucun moment, digne rejeton du système qui l'a vu naître. Aucune prise de risque, aucune audace qui fera dire "Whaou" si d'aventure elle apparaissait à l'écran, le film est ultra classique, ne trahissant à aucun moment le modèle mais le remettant jamais en cause non plus, éternel problème de l'adaptation...

... Sauf quand il s'agit de la conformer au cahier des charges US des figures imposées. En cause, ici, l'adjonction d'une célébration de la famille à nouveau unie dans une dernière ligne droite qui prolonge un peu le Nuit Blanche original. Si elle voit intervenir la jolie Gabrielle Union, la thématique, typique du marché à la bannière étoilée, pourra faire lever les yeux au ciel dans le procédé employé.

De sorte qu'aucune des oeuvres en question ne prend le pas sur l'autre, au final. Renvoyées dos à dos, aussi divertissantes et efficaces l'une que l'autre sans pour autant accéder au rang de classique, Nuit Blanche et Sleepless peuvent s'envisager comme des cousins ayant bénéficié d'une éducation et d'un milieu social différent, ultra friqué et confortable pour l'un, middle class astucieuse pour l'autre.

A voir si vous avez quelques places de ciné en rab' ou un abonnement à rentabiliser.

Behind_the_Mask, Super Jamie

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