Sleepaway Camp IV : The Survivor (Jim Markovic, U.S.A, 1992)

S’il est bien un film qui peut incarner la lente agonie du Slasher au début des années 1990, c’est l’échec monstrueux qu’est ‘Sleepaway Camp IV : The Survivor’’. Que dire, un monument stratosphérique de la débandade d’un genre, tellement c’est une catastrophe. Pour être honnête, en réalité ‘’Sleepaway Camp IV’’ est un film qui n’existe pas. Initialement réalisé en 1992, ce n’est qu’en 2010, que Fangoria parvient à sortir cette œuvre tant bien que mal.
Pour la petite histoire, en plein milieu du tournage, Double Helix Film, la compagnie de production, fait faillite, ce qui met fin au projet. Environs une demi-heure est dans la boite. Ce sont ces extraits qui vont être montés avec des séquences issues des trois premiers films. Dans le but de créer une histoire cohérente. C’est un échec qui ne fait absolument aucun sens. 40 minutes du truc ne sont que des extraits des autres films, rendant l’histoire complétement incompréhensible. Certaines séquences donnent même l’impression d’avoir été prises sur des scènes ratés, ou des moments d’attentes sur le tournage.
Alors, quel intérêt d’évoquer ce film, totalement inutile ? Et bien aucun. Il n’y a aucun intérêt à en parler, puisque c’est un film qu’il est presque criminel de conseiller à quiconque. Même aux amateurs d’horreur et de Slasher. Les seules séquences gores, sont celles des autres métrages, c’est juste un vieux rip off dégueulasse de chaque volets de la franchise.
Alors, pourquoi en parler ? Et bien tout simplement car ce film, ou cette parodie de film est symptomatique de l’exploitation sauvage en fin de course, qui traverse le début des années 1990, au point d’en devenir totalement grotesque. Comme c’est le cas ici, avec un œuvre inachevé qui de toute façon ne faisait ni queue ni tête dès le départ.
Des quatrièmes volets il en existe à ce moment-là des tas, et le 4 c’est rarement le meilleur : ‘’Friday the 13th : The Final Chapter’’, en 1984. ‘’A Nightmare on Elm Street 4 : The Dream Master’’, ‘’Halloween 4 : The Return of Michael Myers’’ et ‘’The Last Slumber Party’’ en 1988. En 1990 il y a ‘‘Initiation : Silent Night, Deadly Night 4’’ et ‘’Psycho IV : The Begining’’. Ou bien encore ‘’Prom Night IV : Deliver us From Evil’’ en 1991.
Et ‘’Sleepaway Camp IV’’ n’échappe pas à la règle, sauf que dans son cas y’a vraiment tout qui part en cacahuète. Il est filmé avec les pieds, il n’est même pas terminé, il n’a rien à apporter à la ‘’saga Angela Baker’’, et ne rend pas plus service à sa franchise que ceux susnommés. L’expérience de ce quatrième film synthétise parfaitement l’opportunisme des producteurs qui ne comprennent plus rien à ce qu’ils produisent en matière d’horreur.
Bien entendu dès le départ c’est un genre qui se veut commercial, en attirant un jeune public, aguiché par des histoires de sexe, de drogue, de rock n’roll et de meurtre. Bien entendu que rapidement le genre s’est mué en une sorte de vecteur réac’, pour pas mal de productions. Le meilleur exemple est certainement ‘’Silent Night, Deadly Night’’ en 1984, écrit et réalisé par des personnes qui ignoraient tout du Slasher, se contentant de répéter une recette qui marchait. Son réalisateur Charles E. Sellier Jr ira jusqu’à renier son œuvre, pour des raisons religieuses.
Il ne faut pas être dupe en ce qui concerne ce cinéma d’exploitation, si on en arrive à des franchises avec parfois 10 suites (‘’Friday the 13th’’ devenu à partir du 9 ‘’Jason’’) , c’est que derrière il y a des producteurs qui se frottent les mains, et qui ne veulent surtout pas voir le genre évoluer, et se risquer à proposer autre chose que le même produit. Sauf qu’à un moment, un genre qui n’évolue pas, c’est un genre qui tombe lentement dans l‘auto parodie au premier degrés, et qui meurt. S’écrasant bien au sol comme une grosse merde. Le même déroulé s’est produit avec le Western. Genre en mort cérébrale depuis 1964.
Les spectateur/rices ont changés, les afficionados de la première heure, qui ont découvert le genre avec ‘’Halloween’’, on vieillit. Et les ‘Halloween’’ proposés à la fin des 80’s, sont plutôt médiocres. Une nouvelle génération est arrivée, et ce n’est pas avec le film d’horreur qu’elle grandit, à l’heure des Blockbuster. Les années 1980 c’est ‘’Star Wars’’, ‘’Indiana Jones’’, ‘’Back to the Futur’’. Des grosses machines n’évoluant pas sur les mêmes plates-bandes, dont l’impact, et la nature familiale, fédère plus le public.
Jusqu’au début des années 2000 le Blockbuster sait se réinventer, dans la course au spectaculaire. Mais c’est un genre, qui s’il cartonne toujours au box-office encore en 2020, est complétement sclérosé depuis le milieu des années 2000. La technologie stagne et les effets spéciaux avec. Les productions sont de moins en moins impressionnantes, malgré ce que l’on veut nous faire croire. Et parallèlement est en train de renaître un cinéma d’Horreur hollywoodien plus radical.
Si il n’est pas terrible, et d’une pauvreté intellectuelle rare, le ‘’Halloween’’ de 2019, de Blumhouse, est un bon curseur pour voir comment se porte le Slasher aujourd’hui. Ironiquement c’est encore ‘’Halloween’’ qui se fait fer de lance d’un mouvement, bien plus gore et sans concession, qui revient à des conceptions du Slasher de la fin des 70’s, ouvrant la voie à de nouvelles productions. Un futur ‘’Freddy’’ est en pourparlers, comme un nouveau ‘’Jason’’, qui patine pour des questions de droits entre le réalisateur et le scénariste du premier film, qui se réclament tous deux la paternité de la franchise
Toujours est-il que voilà, dans les années 1980 il y a ce petit genre, qui connaît un succès de niche, se retrouvant en compétition avec les grosses productions de l’époque. Au point que parfois ces films cohabitent, comme En 1982 lorsque Chuck Norris poutrait du serial killer dans ‘’Silent Rage’’. Ou bien encore dans ‘’Cobra’’ starring Stallone en 1986, avec un flic chassant un sérial Killer, dans un film utilisant les codes du Slasher, transposés au polar musclé.
Voilà un petit peu, pour faire court, ce que symbolise ‘’Sleepaway Camp IV : The Survivor’’, une expression tangible de la mort d’un genre. Que ce soit dans sa conception intrinsèque, une énième suite sans intérêt, comme dans sa création, stoppé en plein milieu, mettant près de 20 ans avant d’être présenté sous la forme d’un truc qui ressemble plus à la créature de Frankenstein qu’à un vrai film. En somme, une grosse arnaque.
La bonne nouvelle est que la franchise ‘’Sleepaway Camp’’ s’arrête avec… Nan… attendez… Han mon Dieu… Non… Il y a un cinquième épisode… Sorti en 2008… Non… Non c’est impossible… Pitié… Rhaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa… Que toutes les divinités du Ciel et de la Terre nous protègent, nous pauvres êtres humains…


To be Continued… Sadly…


-Stork._

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le 26 févr. 2020

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