Première personne

Ce premier film de Skolimowski, âgé de 26 ans, n'a que peu à envier à la Nouvelle Vague française. Il aurait pu être signé Truffaut ou Godard sans détonner dans leur filmographie.

Dans une ville polonaise dont on ne voit que les rues et les vitrines du fait de l'absence de plans larges, le réalisateur suit Andrzej, le personnage principal, qui n'est d'autre que lui-même. Ainsi se permet-il de filmer à la première personne des scènes importantes : l'embrigadement à l'armée, une intrusion dans l'appartement d'une femme se douchant, la fuite de son domicile conjugal afin d'attraper le train partant pour la Marine, ou encore le plan final où l'étudiante récemment rencontrée court après ce même train.

Cette oeuvre laissait présager la belle carrière du réalisateur. Les plans et angles de vue sont aussi libres et surprenants que l'errance des personnages. Les dialogues sont parfaitement justes, contenant tout une poésie peinant à éclore dans une société fermée.

La rencontre avec l'étudiante en ichtyologie est pour cela une bouffée d'oxygène, ce qui explique le regret du spectateur de ne voir cet amour se développer.

Les questions d'argent sont omniprésentes, et la publicité se découvre étonnement profonde juste pour vendre des cravates.

C'est par tous ces éléments que Skolimowski parvient à documenter une jeunesse polonaise qui n'allait pas tarder à bouger, ainsi que la jeunesse européenne de manière générale.