Concevoir la réalité de Las Vegas par le prisme d’une fausse ingénue

Dernier film de la période américaine de Verhoeven,Showgirls a été mal reçu à cause de Basic Instinct qui le précèda.Pourtant,il n’y avait aucune passerelle entre les personnages de Katherine Tramell et Nomi Malone.L’histoire de la jeune danseuse provinciale est celle d’une fausse ingénue qui apprend les codes et les gens de Las Vegas pour y survivre et s’y faire une place.Katherine Tramell l’écrivain /psy manipule pour assouvir son goût du crime.Tandis que Basic Instinct cherche à provoquer,Showgirls décrit la sociologie de Las Vegas où l’arrivisme,la façon de porter des coups et le paraître sont des passages obligés pour nager.Verhoven et son scénariste s’amusent à surjouer le clinquant et l’artificiel, vernis apparent de l’univers des Showgirls tandis que tous les coups physiques ou verbaux sont permis.C’est ce capital vacherie qui élève le film à un autre niveau et le fait regarder avec un recul certain.C’est dommage qu’Elizabeth Berkley fut stigmatisée par ce seul rôle qui la blacklista d’emblée à Hollywood.Tandis que Gina Gershon,plus habituée aux prestations hot, ne subit pas le même sort.Preuve qu’on ne peut pas passer de la bonne copine de la série Sauvés par le gong à la fille ambigüe qui se bat pour être quelqu’un aux yeux d’elle-même et des autres.Si vous aimez les histoires avec niveaux de lecture,Showgirls peut vous convenir.Sans être un chef d’œuvre,le film questionne sur Las Vegas,la ville qui ne dort jamais, et son mode de fonctionnement impitoyable.Un cinéma finalement plus abouti qu’il n’y paraît et Showgirls méritant plus que tout autre film de Verhoeven,une vraie réhabilitation.