Crépuscule d'un vieux truand

Film Noir crapoteux sur le monde de la boxe et des promoteurs véreux, porté par Michael Caine et réalisé par John Irvin, artisan à l'ancienne qui aura fait ses armes à la télévision pendant 20 ans avant d'éclore au cinéma dans les années '80, Shiner est typiquement le genre de script qui finirait aujourd'hui en mini-série de 6 épisodes de 42 minutes. On l'a échappé belle ! Le film ne brille pas par son originalité mais le personnage incarné par Michael Caine lui confère un carburant idéal, apportant avec sa silhouette, son riche passé d'acteur et tous les rôles qui vont avec, un peu comme Terence Stamp dans l'excellent polar L'Anglais. Le script puise sa force dans la caractérisation de ce personnage principal, dans son passé résumé à demi-mots, à peine évoqué par des photos en noir et blanc accrochées aux murs mais omniprésent et même pesant. Les ressorts de tous les rebondissements qui amèneront les personnages au dénouement tragique de l’intrigue passeront par lui, faisant du film une copie carbone des tragédies tristement humaines de Paul Schrader. Une sorte de cousin anglais.

Malheureusement, pour y parvenir, le spectateur devra subir une scène de parodie de combat de boxe qui fait beaucoup de peine. 10 minutes tragiques de nullité, surtout si on a visionné Crying fist peu de temps auparavant (l'alpha et l'oméga). En tout cas, on a rarement vu ce sport aussi mal simulé, aussi mal interprété et aussi mal filmé sur un écran de cinéma (en dehors de quelques DTV innommables). Le spectateur devra également digérer un plan de Michael Caine pleurant extrêmement mal devant la caméra ; étonnant de la part de cet immense acteur. Malgré ces deux gros défauts, Shiner restera comme une série B sombre et attachante avec des relents fugaces de chefs d’œuvre du Film Noir britannique comme Seule la mort peut m'arrêter ou Slayground, toute proportion gardée évidemment puisque, niveau écriture, on reste très TRÈS loin du travail admirable d'un Trevor Preston.