Quelqu'un peut-il m'indiquer la drogue qui va avec ce film ?

Évidemment, c'est tout le champ linguistique habituel et qui ressort dans la bouche des critiques tout les 18 mois environ qui peut ici être allègrement convoqué. Vous savez, les « OVNI cinématographique », « paris fou », « vent frais sur le cinéma », « énergie de la jeunesse », etc.

Mais ce n'en est pas moins un film génial ! Il y a une intensité dramatique hypnotisante qui m'a beaucoup fait pensé aux films d'Andrzej Zulawski (les nappes sonores, les gros plans, les cœurs à vif, le passages des rires aux larmes...). Mais avec beaucoup plus de joie et de distance, mais sans être moins grave pour autant et en étant bien plus démonstratif avec un format en quatre chapitres : Amour, Amitié, Respect, Association. Plus démonstratif, mais pas didactique non plus.

Difficile de ne pas parler de la forme. J'ai cité Zulawski, mais il y aussi bien sûr le côté drogué d'Alejandro Jodorowsky, le foisonnement d'un Federico Fellini (deux desquels il est souvent rapproché), la saturation d'un (bon) Emir Kusturica... Et j'ai en même temps un peu honte d'étouffer ce pauvre cinéaste qu'est Sergey Loban (d'ailleurs on soupçonne que c'est l’œuvre de toute une véritable troupe de spectacle vivant, mais je peux me tromper) à tout ces noms tant il semble faire du cinéma avec une grande liberté et facilité, et sans trop s'encombrer (bravo aussi à son courageux producteur), bien qu'on ne puisse je pense pas douter de l'érudition du bonhomme.
Car on peut ajouter qu'il y a dans ses plans ce formalisme russe (dont l'acteur Piotr Mamonov, le père comédien, justement, du chapitre « Respect » est une des icônes pour moi), mais qui apparait complètement transcendé par les personnages et les récits. Le cadre est sans cesse bousculé par le drame de la vie qui cherche alors d'autres alliés dans la musique, les acteurs, les paysages, les couleurs... et jusqu'aux effets d'écriture même du film.

J'ai quand même trouvé le dernier chapitre, « Association » plus confus et moins pertinent que les autres.

Mais en bref, c'est un film à voir parce qu'il est d'un espèce rare.
Homlett
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le 29 juil. 2014

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