Plus trash, tu meurs

Sam Lombardo est conseiller pédagogique au lycée de Blue Bay, une commune de Floride très huppée. Tout bascule lorsqu'il est accusé de viol par Kelly, fille de la très puissante famille Van Ryan, ainsi que Suzie, une ado à problème des Everglades. Quand les deux filles avouent qu'elles ont menti, Lombardo touche une coquette somme de la part des Van Ryan, mais l'inspecteur Duquette commence à penser qu'il y a anguille sous roche...

Les Sexcrimes suivent tous la même trame ; les suites en reprennent tous les éléments, tant et si bien qu'on pourrait parler de copiés-collés : des allégations apparemment fortuites contre un personnage révèlent un complot savamment ourdi autour d'une grosse somme d'argent. Au fil des rebondissements, le cerveau derrière ces machinations érotico-criminelles se dévoile... Qui a manipulé qui ? Qui sortira gagnant du grand jeu de dupes ? Une chose est sûre : les dindons de la farce risquent fort de finir à la morgue !

L’originalité de McNaughton aura été d’avoir réalisé un film subtil, presque esthétisé, avec des ingrédients on ne peut plus putassiers : du fric, des trahisons meurtrières, des scènes érotiques bi entre entre jeunes et beaux personnages un brin psychopathes… Tous les clichés y passent, de la femme fatale au bellâtre coureur de jupons en passant par le flic ripou. Sur le contenu, Sexcrimes est clairement l’héritier des thrillers scabreux genres films de sexploitation des années 70-80, généreux en plans nichons et en assassinats graveleux. Sur la forme, néanmoins, il est très maîtrisé : l’histoire, rocambolesque, tient pourtant debout, la bande-son n’est pas mal et bien que les acteurs ne méritent pas franchement un Oscar, on se sent tout de même pris dans ce jeu de chaises musicales macabre aux accents concupiscents.

Sexcrimes, c’est aussi une plongée (quasi sociologique) au cœur de la Floride. Les somptueuses villas et plages de sable fin où s’ébat la jeunesse dorée d’un gotha qui ne pratique que l’entre-soi côtoient les alligators patibulaires rôdant dans les Everglades, où vivotent les moins fortunés... Et à chaque fois, une pauvresse qui, par son intelligence et son audace, va la mettre à l’envers à tous les gogos pleins aux as en les prenant à leur propre vice. C’est ça, in fine, qui donne au film toute son ambiance, car des productions mêlant la mort et l’amour, il y en a déjà eu des centaines, et il faut bien se démarquer... Une ambiance lourde et tropicale, mais diablement attirante et sensuelle, comme celle de la Floride.

Bien sûr, quand on est plutôt montagne ou campagne, on est moyennement tenté par le voyage que propose ce Sexcrimes, et il ne demeure alors qu’un vulgaire divertissement pour ados — ce qu'il est très certainement. Néanmoins, ceux qui ne craignent pas de plonger dans son esthétique et de se laisser entraîner par ses péripéties y verront un petit film tout à fait convenable, qui n’est pas dénué de qualités propres.