La composition du film de Fincher fait preuve d'une telle rigueur que je me sens obligée de rédiger un texte d'une manière un peu particulière.
Je dois d'abord saluer la copie du BR et l'édition qui m'a été offerte par une amie et conseillée par quelqu'un d'autre à peine avant sans aucune concertation.
Le générique, mémorable s'il en est égrène les indices sans que le spectateur ne le sache et auxquels il donnera sens plus tardivement dans le déroulement de l'intrigue.
Articles de journaux, photos, objets épars... Ainsi, chaque revisionnage est une redécouverte.
Le découpage même du film appuie l'aspect schématique et religieux de la démarche du tueur.


La remasterisation exceptionnelle met en valeur d'une manière surprenante le travail de Darius Khondji. Le chef opérateur rend la ville, les décors hostiles et repoussant, donne cette teinte si particulière aux intérieurs. Il donne une patte unique à la fois sombre et collorée au film qui repousse autant qu'elle fascine.


L'opposition entre les deux personnages principaux est l'un des enjeux majeurs du métrage. Le jeune chien fougueux qui se lie au vieux sage...
Ce genre de construction est classique et les divergences de caractères, valeurs, comportements vont être le moteur de l'intrigue du film. Les vingt premières minutes du film sont à ce titre révélatrice du chemin suivi par Fincher. John Doe représente la réalité à laquelle doit se confronter Mills pour grandir. Somerset endosse en quelque sorte le rôle de père de substitution, de guide et de mentor. Doe convoque la colère de Mills pour asseoir sa victoire sur les mécréants qui peuplent cette ville. Il montre ainsi son pouvoir.


Le serial killer rédempteur/prêcheur, a une vision du monde et de l'être humain très tranchée et son personnage rend le film si particulier. Le script et le parti pris du réal ne laisse place à aucune empathie envers les victimes.
Ce sont des gens mauvais, pervers, répugnants.
C'est là que c'est perturbant. Ne pas avoir de mauvaises pensées envers un tueur mais les ressentir pour les victime trouble le spectateur et le met dans un état d'inconfort est une expérience nouvelle à la sortie du film.


Il est aussi notable que la culture, la connaissance des mythes et de la littérature soient présentés comme essentiel pour survivre dans ce monde hostile.
John Doe et Sommerset détiennent ce savoir, ils évoluent en connaissance de cause dans cet univers et en maîtrisent les codes. Ce n'est pas le cas de David Mills qui avance à l'aveugle. Il se laisse ainsi dominer par ses pulsions, et la religion et son impulsivité permet à Doe de le piéger comme il l'entend.


Certes le film a servi de modèle à de nombreux films qui ont tenté de copier le chef d'oeuvre de Fincher par la suite sans jamais l'égaler mais Se7en reste quand même l'oeuvre qui a marqué cette étape et renouvellé le genre thriller de manière aussi radicale.

Rawi
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le 21 avr. 2016

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