Mars et ça repart !

Je suis un astronaute, mais pas n’importe quel astronaute.

Je suis seul sur Mars.

Seul sur Mars avec une antenne de communication empalée dans le ventre. Seul sur Mars sans aucun moyen de communication avec la Nasa. Seul sur Mars sans provisions suffisantes pour survivre jusqu’à la prochaine mission prévue sur cette planète. Seul sur Mars dans une structure temporaire prévu pour tenir 31 jours. Seul sur Mars, abandonné par mon équipe qui me croyait mort.

Mais ne vous inquiétez pas pour moi, surtout pas, je ne suis pas du genre à me laisser abattre, à m'apitoyer sur mon sort dans une tempête de violons et de piano, je resterai positif, tant que j’aurais mon petit mot à dire, tant qu’une petite lueur d’espoir brillera au plus profond de moi. Avec la dégaine de ton postier et la tronche de ton beau-père, je vais dompter Mars à grand coup de science dans la tronche avec l’aide de mon fidèle ami le chatterton. Ça t’étonne.

Je vais résoudre un à un les problèmes qui se présenteront à moi, qu’ils soient médicaux, mathématiques, physiques, chimiques, informatiques, logiques ou botaniques, car oui, à la base je suis botaniste, cette science qui n’en est pas vraiment une comme le rappelle mes collègues aux blagues classiques du parfait scientifique. Car c’est ce que font les astronautes. C’est ce qui fait les astronautes. Et je vais le faire dans un raz-de-marée de bonne humeur, en rigolant, en m’amusant, en filmant de petites vidéos à la C’est pas Sorcier dans lesquelles j’expliquerai le plus simplement du monde tout ce que je fais. Pas con. Parce que Fred et Jamie, moi, je les aime bien.

S’il est communément admis que dans l’espace, personne ne nous entend crier, rien ne m'empêche de divaguer, de rigoler un bon coup ou même de me trémousser sur du Disco.

Pendant ce temps-là, à la Nasa, ils ont de longues discussions, supposément stratégiques, spontanément soporifiques, pour déterminer comment ils vont me ramener, pendant lesquelles quelques hauts-gradés se contentent de raccourcir tous les délais de préparation de tout ce qui fera la mission et d’annuler tous les tests de tout ce qui est préparés avec des délais raccourcis. Logique. Ils collaborent même avec la Chine, l’occasion d’une petite pique gratuite sur le côté archaïque de leur programme spatiale et de leur procédure de lancement que l’on utilise plus depuis Apollo 9. Les nuls. Parce qu’après tout, ça reste des chinois et que les plus forts, c’est nous. C’est tout.

Je garde la patate, même dans la merde.

Je suis le conquistador de mars quand j’improvise un champ de pommes de terre dans des excréments, extrêmement dément. Je suis un pirate de l’espace, le capitaine barbe blonde, quand je m’aventure sur ces plaines, sur ces collines, sur ces lieux mystiquement orangés qui auraient pu être magnifique sans cette foutu 3D toujours ratée et que je suis le premier à explorer, confortablement installé dans mon Rover pimpé survitaminé, surdynamité. Je suis Iron Man quand je décolle enfin dans mon vaisseaux désossé décapotable, au milieu des vis flottant dans cette habitacle plus très habitable, avant de me lancer dans le vide intersidérale en me propulsant grâce au réacteur à oxygène qu’est devenu mon gant pendant que l’humanité me fête dans toutes les plus grandes villes du monde dans une liesse universellement spontanée, avec bannières étoilées, confettis bleus blancs rouges, embrassades planétaires, chute de guimauves et arcs-en-ciel en marshmallows, le Marc Watney Shows.

Je suis l’extraordinaire qui surgit de l’ordinaire.

Je suis celui qui conquit Mars.
Je suis un pirate de l’espace.
Je suis Iron Man.

Je suis Marc Watney.