Cinq réalisateurs pour cinq histoires sur la vie numérique des gens (presque) normaux.

Addict à la notoriété, amoureuse d’une star ou encore consommateur frénétique, Selfie nous fait rire en nous montrant les dérives et les absurdités de nos vies connectées.
Un projet pas si orignal que ça


Julien Sibony et quatre autres scénaristes nous proposent un film à sketches un peu inégal, souvent drôle, mais qui doit son existence au très américain Black Mirror. Personne ne sera dupe, même le format du film, divisé en cinq histoires, fait tout de suite penser à une série …


Pourtant tous les sujets du thème sont traités, parfois un peu survolés, comme la mort par exemple qui aurait mérité d’être bien plus développée à mon sens. Mais les réseaux sociaux, les applications de rencontres et les sites marchands sont passés au grill et de façon plutôt intelligente.


Bien sûr ici pas de dystopie, ni d’anticipation, simplement du réel amplifié et poussé, mais pas trop loin, en France on n’aime pas les extrêmes. Mais surtout pas de production à l’américaine, on ne sait jamais, ça pourrait marcher. Quelle horreur !


Cinq histoires qui s’entremêlent avec un des personnages secondaires d’un épisode pour aller sur le suivant afin de pouvoir rattacher les wagons. Pourquoi ? Pour le le final ! Final qui se déroule sur une île sans réseau avec des protagonistes de tous les épisodes, sur fond de piratage de masse des données personnelles, alors que les smartphones sont (presque) tous muets. Horreur ! Malheur !


Interprétation trop moyenne
Blanche Gardin et son mari ont trois enfants. Le petit dernier étant très malade, ils filment sa vie et celle de la famille afin de les partager avec le plus grand nombre. Ils suivent avec fascination le nombre de like des vidéos, jusqu’au jour du drame : l’annonce de la guérison inattendue de leur fils. Alors ? Heureux ?


Blanche Gardin est fabuleuse sur scène, phrasé particulier et franc-parlé saignant. Mais incarner un rôle, c’est une tout autre histoire. Disons le clairement, elle ne sait pas jouer, elle est Blanche Gardin et à aucun moment on ne l’imagine en mère de famille. Elle ne fait même pas rire et n’est pas du tout convaincante.


Black Mirror français
Un youtubeur médiatisé se trouve interpellé par une prof de français stéréotypée à l’extrême à qui l’on fait découvrir les réseaux sociaux. Le bêta du Net et la prof frustrée vont t-il finir par se plaire ?


Sur un scénario en demi huit-clos entre Elsa Zylberstein, incarnant parfaitement cette prof névrosée et Max Boublil naturellement à l’aide en personnalité du Net ; cette histoire qu’on n’imagine davantage sur Netflix que dans un film français est très bien tournée et parfaitement interprétée, avec le final digne de la série à succès.


Adopte un mec
Florian est très amoureux de sa collègue de travail et pour tenter de lui parler sur son application de rencontre, il doit faire augmenter sa note. Il entreprend alors une série de rencontres à outrance. Mais au détour de cette croisade de points, ne va-t-il pas louper l’amour ? Cette histoire, relativement bien interprétée, est à mon sens la plus intéressante. Elle traite des principaux problèmes actuels des réseaux sociaux : la vie privée/public, la sphère d’intimité, la mort, l’amour, les amis et comment les gens réagissent devant ces putains de selfies.


Amazon mon amour
Manu Payet, sa femme et son collège : un trio intéressant et marrant. Manu sait que l’algorithme de son site marchant préféré connait tout de lui, donc il lui fait aveuglément confiance sur toutes ses suggestions et achète sans réfléchir. Sauf qu’un jour, le site lui propose … du Viagra.


Seule histoire vraiment drôle de ce film. Manu Payet possède un tel pouvoir comique que même sérieux, il nous fait rire. Son histoire fait résonner en chacun de nous l’énervement et l’agacement que nous ressentons envers ce matraquage malsain et insupportable que nous subissons à longueur de journée sur nos téléphones.


Conclusion apocalyptique
Mariage de l’amour loupé de Florian avec son nouveau mec sur une île française dépourvue de réseau téléphonique. Nous retrouvons une bonne partie de la distribution des autres histoires, mais lorsqu’un des principaux médias du web se fait pirater et que ces pirates offrent la totalité des données des inscrits au monde entier ; les secrets des uns et des autres n’en sont désormais plus ! Apocalypse ? Remise à zéro ?


La patte de chaque réalisateur est parfaitement invisible, et c’est tant mieux ! La lisibilité de ces histoires entremêlées est intéressante et exploite bien le sujet en touchant à presque tous les problèmes du numérique et d’Internet dans nos vies. L’interprétation n’est pas grandiose et parfois irrégulière, mais le tout se tient bien. Le problème réside dans le fait que ces histoires ne vont pas très loin, il manque un peu d’extravagance et de spectaculaire. Encore une fois, la France se limite … Pourquoi d’ailleurs ? En tout cas, vous aurez plaisir à regarder ce film qui n’est, au final, rien d’autre qu’une comédie française, mais pour une fois, un peu originale.

Acerbe-Goten
5
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le 22 janv. 2020

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