Devs
7.2
Devs

Série Hulu (2020)

Si votre intellect est capable de regarder des séries ou des films, rythmés à la vitesse de la course d'un escargot écrasé, Devs est peut-être fait pour vous. Le réalisateur et scénariste des films Ex Machina et Annihilation se tente à la série TV. Mais malgré le fait de vouloir dévoyer nos certitudes et nos croyances, Garland loupe magistralement l'essai.


Une fillette géante ?
L’action se déroule aux environs de San Francisco où circulent encore moins de voitures qu’une petite ville française en période de confinement. L’histoire est centrée sur une société informatique ultra-puissante avec un patron chevelu et décalé ! Disons un Steve Job avec option embonpoint, qui dirige ici une sorte de Google nommé Amaya. Bien sûr nous avons un département secret où de drôles de choses se passent. Ce département s'appelle : Devs.


Des problèmes ?
OUI, et ils sont nombreux ! À commencer par la cible de la série. Alex Garland ne souhaite pas s'adresser à tout le monde. Le public type "bobos de gauche" semble être visé. La série lentement, très lentement, glisse vers des thèmes écolos, vers le partage, vers la place de l'homme dans le monde. Bref ! Beaucoup de thèmes ciblés et beaucoup d'interrogations qui font épaissir le scénario, mais qui n'élargissent pas pour autant son public. Notons aussi l'inutile présence d'espions russes. Chose assez inexplicable car ils ne servent à rien dans l'histoire et surtout n'apportent rien au déroulement du récit.


La musique n'est pas en reste, bien au contraire. Elle est d’un lugubre anxiogène et exacerbé au plus haut point. À de nombreuses reprises nous avons des chants semblables à Lux Æterna de Ligeti, déjà insupportables dans 2001 l' Odyssée de l'espace, mais ici, en plus, ils sont placés à des moments assez improbables. Ok ! On notera évidement la référence, mais "Ainsi parlait Zarathustra" aurait été un bien meilleur choix à mon avis. Bref, la musique de cette série ne peux être qualifiée autrement, que de supplice auditif !


Côté image, c’est sombre. Évidemment. Les décors, comme le symbole de la société Amaya, sont glauques et troublants.  Ce symbole est une petite fille en statue ultra-géante, avec la paume des mains en l'air, qui surplombe la forêt privée où siège Amaya. Amaya est aussi le prénom de la défunte fille du faux Steve Jobs. Et c'est elle la statue !


Escargot écrasé
Mais le principal problème, et aussi le fait que cette série ne rencontrera jamais un large public, c’est son rythme. C’est lent, c’est lent et c’est "relent" ! À mon humble avis,  il aurait été plus judicieux, de faire un film de 90 minutes ou une petite micro-série de trois épisodes. Mais huit épisodes de plus de 50 minutes ... non ! Car le montage est bien évidemment le problème directement lié à ces longs épisodes. Alex Garland fusille littéralement sa série en imposant ce montage. Un film lent, c'est une chose. Mais une série, c'est un engagement sur du long terme, sur plusieurs semaines. Et réaliser une série qui avance à la vitesse d'un escargot écrasé, c'était mort-né ! J’ai dû regarder le premier épisode en trois fois. Trois fois ! Une première pour moi !


Pourtant la réalisation "pure" est plutôt une bonne surprise. Nous avons souvent à l’écran des scènes où le même personnage est présent plusieurs fois. Logique par rapport à l’histoire, mais les effets spéciaux sont au-delà du niveau habituel pour une mini-série de cette envergure. L’accident de voiture qui a conduit à la mort d’Amaya est plutôt saisissant et les mouvements de caméras sont réussis. Peut-être aussi parce que c'est le seul moment d'action ...


Côté distribution, nous retrouvons Sonoya Mizuno, déjà vu dans La La Land mais aussi dans les deux films de Garland Ex Machina et Annihilation. Nick Offerman, notamment vu dans les films 21 et 22 Jump Street ou la série Fargo. Zach Grenier, à la filmographie très dense et Alison Pill, récemment vue dans Star Trek Picard. Leurs interprétation sont correctes, mais ce manque de dynamique ralentit aussi leurs prestations et c'est très regrettable.


On zappe ou on matte ?
Le scénario n'est pas mauvais, il est même plutôt bien fait et assez savoureux. Car de nombreuses interrogations seront vôtres après avoir terminé cette premier saison. Si votre esprit arrive à supporter une série à l’encéphalogramme plat, jetez-vous dessus. Si au contraire, votre côté Michael Bay vous impose un certain battement de cœur, ne regardez même pas la bande-annonce. Vous allez vous faire mal. Pour les plus courageux et les plus téméraires, imposez-vous des horaires conventionnels, car jamais un programme télé n’a été aussi pénible et soporifique à regarder.

Acerbe-Goten
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le 6 mai 2020

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