Second Tour
6.1
Second Tour

Film de Albert Dupontel (2023)

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Second Tour, un film de second plan dans l'oeuvre du radical Albert Dupontel?

Pourtant totalement adepte voire inconditionnelle tous les films punk du radical Albert Dupontel (Adieu les Cons multi-récompensé aux César, Au revoir là-haut, Bernie, Enfermé dehors...), je dois avouer avoir été parfaitement décontenancée face à Second Tour, une fable politique qui a le malheur de l’être (ou pas justement). Second Tour, comme son titre l’indique, raconte la campagne d’un certain Pierre-Henry Mercier, économiste - et retrace son ascension médiatique et ses prises de paroles : le tout avec un propos “apolitique” plutôt banal. Si le film ne fonctionne pas, c’est sans doute car Dupontel utilise cet évènement politique caricaturé comme base scénaristique, simple prétexte pour déployer ses sujets de prédilection : la question des origines (quête de fils perdus cf. Adieu les cons), critique de l’administration et des médias, le tout de manière punk. On retrouve dès lors tous les ingrédients de son cinéma : récit surréaliste poétique alternant entre le léger (jeux de mots et Nicolas Marié en journaliste sportif vraiment drôle bien que répétitif) et le sérieux - à noter les références littéraires ou cinématographiques (philosophie de Platon et des abeilles, figure du doppelganger, double à la Ingmar Bergman) - récit auquel s’ajoute une esthétique radicale avec une colorimétrie pétante (exagération du jaune/rouge, plans sur des animaux, effets de caméras...). Le problème c’est que, si on comprend qu’il réalise un une fable sur couleurs primaires du fait de l’absurdité de certaines scènes, le réalisateur se perd dans son propos : on ne sait pas s’il veut critiquer des épisodes politiques récents (façon Alan Pakula avec Les Hommes du Président), ou nous parler de la famille ou de l’amour. Finalement, à ne pas choisir, on se retrouve avec un film au scénario alambiqué (digressions, complications, retournements incessants, rythme infernal pour tenir le spectateur qui peut s’endormir), paradoxalement pas assez burlesque (on s’attendait à du corrosif sur la politique et on est déçus) et des effets visuels déjà vus (et pourtant Dupontel est un formaliste des plus inspirés) qui arrivent sans justIfication et perdent leur sens : très peu convaincue, je retourne donc voir Adieu les cons.

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le 13 nov. 2023

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