Partouze dans le sable chaud

Si on m'avait dit un jour que je verrai un film sur Saint Sébastien, j'aurai dit "c'est qui ?" (mais en fait en voyant le film je me souviens de qui c'est, j'ai vu des tableaux représentant sa mort), si on m'avait dit que ce même film serait tourné en latin, j'aurai été plus que partant, si on m'avait dit qu'il serait réalisé par un réalisateur que j'aime beaucoup, j'aurai été en joie, si on m'avait dit qu'il était homoérotique... j'aurai été dubitatif.

Parce qu'en fait c'est ça Sebastiane, un film où les romains portent des strings, font mine de s'enculer avec des godes géants, le tout "narrant" les derniers jours de Saint Sébastien. Tout un programme donc. Et c'est vraiment pas mal, en fait le film est fait comme je les aime, quasiment pas d'histoire, tourné dans la langue d'origine, on laisse place au désir, aux pulsions et il y a un côté religieux. Génial donc !

Après j'avais un peu peur du côté homoérotique, parce que je craignais la farce, le truc fait pour se moquer de l'église catholique, montrer le Saint être une folle, l'humilier, ce genre de choses, surtout que le réalisateur n'est pas catholique et n'a pas forcément les saints dans son héritage culturel. Sauf que non, pas du tout. En fait Saint Sébastien est devenu une icône gay bien avant ce film et ça a commencé petit à petit à la renaissance, mais mieux encore, ici ce sont les romains qui sont gays (enfin pas réellement, disons qu'ils aiment juste frotter leurs corps nus les uns contre les autres), Saint Sébastien n'est en aucun cas montré comme un pervers, ou un obsédé sexuel. Le film respecte son côté saint pour les catholiques et ça c'est bien.

C'est-à-dire qu'on a un film très personnel, montrant le corps parfait de Sebastiane susciter le désir, l'envie, on le voit souffrir, mais on voit aussi les romains lubriques s'adonner à différents plaisirs le tout filmé avec la caméra intéressée de Jarman. Malgré quelques scènes érotiques au ralenti, le film reste très austère et j'aime ça l'austérité ! Il va utiliser uniquement la musique pour le dernier plan du film et finalement faire entrer l'émotion dans son film.

Cependant je pense qu'elle aurait dû être là un peu avant, c'est mon reproche au film... Ce qui m'empêche d'adhérer totalement... J'aurai aimé plus d'émotions et je pense que ça se serait fait simplement en filmant plus Sebastiane que les romains qui se caressent... s'épilent, etc.

Bref c'est un film improbable qui donne un truc très réussi. Et mieux, il parvient à ne jamais être dégoûtant et à rester dans la beauté.