En matière de franchise, chacun ses marottes, madeleines, préférences. Certains ne manqueront pas d’aller voir le dernier Star Wars ou le nouveau Marvel. D’autres continuent d’espérer d’Halloween ou ne rateraient un Batman pour rien au monde. De mon côté, je vais voir chaque Jurassic park ou James Bond. Mais mon péché mignon, et de très loin, c’est Scream. Ça a toujours été Scream. Qui avec ou sans Wes Craven, restera un slasher pas comme les autres.


« Fuck the franchise » s’exclame un moment donné Mindy, le personnage ayant le plus de recul théorique, personnage qui n’est autre que la nièce de Randy (celui qui expliquait les règles pour ne pas mourir dans un slasher) déjà présente dans le requel. Qui dit franchise ouvre évidemment sur d’infinies possibilités, comme des changements de règles narratives, des bouleversements de codes formels. Par exemple, existe-t-il toujours une final girl ? Tout le monde est suspect, disait Randy. Dorénavant, tout le monde est mortel. « Fuck the franchise » en effet.


Voilà pour la promesse théorique. Reste que ce sixième volet, qu’on appellera sequel du requel, n’atteint pas vraiment ces promesses. Il offre des choses, il s’amuse beaucoup, augmente le bodycount, multiplie les mises en abyme à outrance. Rien que dans son ouverture, assez exaltante, puisqu’il embraye sur deux meurtres, le second étant le meurtre de celui qui vient d’effectuer le premier. Habile. Oui mais c’est une promesse avortée. On croit d’abord qu’on va cette fois accompagner le tueur, riche idée. Puis un autre tueur le tue. Super. Plus qu’est-ce qu’on fait de ça ? Rien. Tout sera finalement très attendu. Quand bien même il sera une nouvelle fois délicat de deviner le, la ou les tueurs, bien sûr.


J’essaie de pas trop en dire, mais il y a une matière narrative carrément bordélique, d’autant qu’elle convoque pas un Scream mais l’entièreté (peut-être davantage le second, dans sa construction, et encore…) tout en ayant choisi d’investir un lieu nouveau, à savoir New York mais sans en faire grand-chose malheureusement, puisque tout se terminera dans un entrepôt sanctuaire, qui aurait très bien pu loger à Woodsboro ou dans ton garage. Mais il y a des scènes très fortes, à l’image de celle des deux appartements reliés par une échelle. Et bien entendu de celle, fabuleuse, du métro. Si New York a été choisi rien que pour cette scène-là, tant mieux.


Pas de petite satisfaction, pas de colère non plus. Juste la sensation d’un volet de plus pour rien, sinon combler vite fait le fan que je suis, mais sans la transcendance que Scream 3 par exemple savait provoquer chez moi. Exemple : J’adore l’idée, toute bête, que la « première fille » (comme Drew Barrymore dans le premier volet) ici soit une prof de cinéma. Et qu’à la traditionnelle question (de la franchise) posée par le tueur, elle réponde : « Pas celui-là, déjà ». Ok, mais je peux pas me satisfaire de ça non plus, c’est trop léger. Comme je peux pas me satisfaire non plus de que le film fait de Sidney. De Gale. Ou de ce petit musée Scream, d’une pauvreté visuelle terrible.

JanosValuska
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le 23 avr. 2023

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