Après le décès de Wes Craven en 2015, on pensait la franchise Scream enterrée pour de bon. Et après tout, avec un ultime revival en 2011, étonnamment bon et en phase avec son époque, Ghostface pouvait tirer sa révérence la tête haute.
D'autant que le slasher, genre phare des années 80, qui avait connu une belle seconde jeunesse à l'orée des années 2000 (notamment grâce à Scream d'ailleurs), apparait comme quelque peu agonisant depuis une décennie environ.
Sans le grand Wes, ce sont Tyler Gillett et Matt Bettinelli-Olpin qui se sont chargés de ce cinquième volet, ce qui n'était pas forcément rassurant au vue des réalisations précédentes des deux gaillards. Malgré tout, on pouvait espérer que les raisons qui avaient poussé le casting d'origine (du moins ce qu'il en reste) à rempiler ne se résumait pas à une question de gros sous...


Nous voici donc de retour dans la (pas si) paisible bourgade californienne de Woodsboro. Après avoir concurrencé brièvement les pires quartiers de Los Angeles et de Detroit, le taux de criminalité de la ville est revenu à la normale depuis la dernière boucherie en date, il y a près d'une décennie.
Une tranquillité qui va prendre fin lorsqu'un soir, la jeune Tara Carpenter(!) se retrouve à participer bien malgré elle à un jeu téléphonique macabre. La lycéenne, à l'issue d'une mauvaise réponse, se retrouvera aux prises avec un individu masqué pour le moins hostile, dont le procédé est à l'évidence similaire aux événements de 1996. Un "fait divers" qui va replonger la ville dans ses pires cauchemars...


Scream 2022, ou plus officieusement 5cream, garde les codes de la franchise à plusieurs titres. Tout d'abord, il continue de faire le parallèle entre les événements du film et la saga fictive Stab (qui de son côté, en est à son 8e volet) qui est née et a puisé son inspiration de la première tuerie de Woodsboro. De même, Scream demeure une "auto-satire" par le biais de son tueur qui, une fois encore, agit en suivant les règles du cinéma d'horreur. Après la suite, la trilogie et le remake, c'est ici dans le cadre d'un « requel » – en partie suite, et en partie "redémarrage"- qu'il puise ses "motivations". Comme toujours, le groupe pris en chasse aura la bonne idée d'avoir quelques cinéphiles dans ses rangs, ce qui lui permettra de mieux comprendre le mode opératoire de Ghostface.


Pour juger un bon épisode de Scream, il y a plusieurs points essentiels. Le premier évoqué plus haut, est le respect des codes de la série. En ce sens, ce nouvel épisode s'est voulu très fidèle et contrairement à Stab 8, il n'a rien d'une trahison. Le deuxième, c'est la qualité des jumpscares. S'il faut bien reconnaitre qu'on a déjà tout vu dans le domaine, ce cinquième opus opte pour une approche -certes déjà vue également- qui consiste souvent à jouer avec la peur du spectateur en le mettant dans de nombreuses situations où il s'attend à voir apparaitre le tueur, alors qu'en fait...et bien vous le découvrirez vous-même! Toujours est-il que globalement, on peut tout de même dire que 5cream n'est pas l'épisode le plus terrifiant des cinq.
Les "mises à mort" sont certainement le troisième point critique. Et là, on touche peut-être à l'un des points faibles du film dans le sens où Ghostface manque un peu de "perversité", lui qui autrefois éliminait ses victimes avec un sens de la mise en scène pour le moins poussé. Cette fois, il apparait moins machiavélique et va davantage "à l'essentiel"...même s'il saura tout de même faire preuve de fourberie ici et là.
Enfin, l'ambiance générale reste un dernier aspect essentiel de la franchise. Et malheureusement, on constante que celle-ci est moins travaillée qu'elle ne le fut parfois auparavant. Les musiques sont anecdotiques et globalement, les plans et l'esthétique générale paraissent moins soignés.


Côté casting, retrouver Sidney, Dewey et Gale, c'est un peu comme retrouver des vieux copains. Comme dans l'épisode 4, ils sont presque devenus des seconds couteaux. Malgré tout, ils livrent une prestation à la hauteur de ce qu'on pouvait en attendre, même si Neve Campbell semble tout de même moins habitée par son personnage qu'elle ne l'a été.
Quant aux nouveaux, sans être honteux, ils resteront tout de même parmi les moins marquants de la "quintologie".
Enfin, si le scénario est fidèle à ce qu'on peut attendre d'un Scream, les motivations du tueur pourrait s'avérer peu convaincantes aux yeux de certains...


On pourrait considérer que Scream cinquième du nom n'apporte rien à la mythologie de la franchise. Mais peut-être que sa justification est à trouver dès les premières minutes du film lorsque Tara explique au tueur qu'elle ne regarde pas de slashers, arguant qu'on peut faire des films d'horreur intelligents et citant It Follows, Heredity ou The Babadoock. Ainsi, 5cream fait figure d'introspection sur l'héritage de Wes Craven et sur le slasher d'une manière générale, tout en envoyant quelques tacles comme il a toujours eu l'habitude de le faire. Cette capacité d'auto-analyse a toujours permis à Scream d'être un teen movie beaucoup moins con que la moyenne, pour le peu qu'on s'attarde sur ce qu'il a à dire.
En attendant, ce volet, s'il joue évidemment sur la fibre nostalgique, n'en oublie pas d'être assez efficace tout en faisant preuve d'une certaine malice, tel que le revendiquait Wes Craven dans les épisodes précédents. Il est même possible que ce dernier n'aurait pas renié cet épisode (final?).
Quoiqu'il en soit, la franchise Scream peut toujours se targuer de ne compter aucun navet dans ses rangs, ce qui est une quasi exception dans le genre. Espérons donc que contrairement à son jumeau fictif Stab, Scream -quelque soit son avenir- parviendra à éviter le grand n'importe quoi et ne tombera pas dans les travers dont il se moque depuis longtemps. Sans Tonton Wes pour veiller au grain, rien n'est moins sûr.

billyjoe
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le 17 janv. 2022

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Billy Joe

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