Quand Gérard Jugnot était le souffre-douleur d'un groupe de jeunes scouts

Il y a de ses petites perles de la comédie Française des eighties à voir absolument. Si vous voulez voir Gérard Jugnot se faire humilier par des jeunes scouts, je ne saurai que trop vous conseiller de vous précipiter pour regarder « Scout Toujours », deuxième réalisation de Gérard Jugnot après « Pinot Simple flic ». Ambiance joyeuse, bêtises et débrouillardises d’enfants, pour un Gérard Jugnot qui a raison d’être en colère. Préparez-votre sac, on est parti.


On ne s’improvise pas chef de troupe


Il y eu un temps où les comédies Françaises étaient véritablement drôles, interprétées par d'excellents acteurs/actrices. Depuis tout jeune, les comédies françaises des années 1970 à 2000 tiennent une place importante dans ma vie. A l’époque, les réalisateurs étaient inspirés, pas de superficialité, peu d’exagération, de l’émotion, des gags variés, un humour subtil même lorsqu’il s’agissait de dénoncer les tares de la société. Les comédies des années 70, je m’en souviens parfaitement puisque j’ai découvert l’humour à la française en commençant par « Les Bronzés ». A partir de là, ce fut une longue histoire d’amour entre moi et la nouvelle génération de comiques : la troupe du Splendid. Après le succès des « Bronzés », Christian Clavier et Cie prouvaient qu’ils étaient capables de s’émanciper et nous montrer l’étendue de leur talent. « Scout Toujours », certes en dessous des « Sous doués passent le bac » et autres « Bronzés », je le considère comme l’une des meilleures comédies des années 80.


Michel Blanc, éternel parasite profiteur cumulant les râteaux n’est pas le seul abonné aux rôles de loser. Gérard Jugnot porte lui aussi sa croix. La différence est notable entre les deux : la bienveillance. Cependant, Gérard et Michel partagent un point commun : leur physique. Au tour de Jugnot d’en faire les frais. Déjà que c’est pas facile d’être petit et de porter une calvitie, voila que dans « Scout Toujours », le pauvre homme en manque total de confiance en lui voit sa mère surprotectrice l’empêcher d’avancer dans la vie. On aurait aimé s’en arrêter là. Sauf que si on s’en était arrêté à là, « Scout toujours » ne serait pas aussi drôle. Notre loser moustachu malchanceux âgé de la trentaine aux expressions de grand père campagnard, va une nouvelle fois voir son égo en prendre un sacré coup en participant à un camp de scout en plein été. Les gosses ont le don de sentir les gens en manque de confiance et n'hésitent pas une seule seconde à leur en faire baver. La patrouille des impalas vient à point nommé.


Ah le scoutisme. Porter son gros sac (gamelle, sac de couchage, couteau, boussole, poncho en cas de pluie, lampe torche), chanter des chansons paillardes, dormir à la belle étoile, faire du feu, dresser sa tente, développer sa créativité, découvrir la nature, se responsabiliser, arracher le portail d’un campagnard pour faire du feu, allé voir une vieille prostituée aguicheuse, copiner avec des gitans, se laisser corrompre par la jolie sœur de l’aumônier, martyriser un peu le nouveau chef scout ! Attendez un peu ? Le but du scoutisme n’est-il pas de faire preuve de générosité, solidarité et respect à l’égard d’autrui? Là, j’ai un gros doute.


Pour notre plus grand plaisir de petits sadiques, Gérard Jugnot, maladroit puissance 10, va vivre un véritable calvaire juste pour nous faire rigoler. Il est sympa hein ? Le pauvre "Biquet" comme le surnomme maladroitement sa mère, a la lourde tâche de s'occuper de scouts turbulents commandés par Anthony, un vrai petit caïd en pleine crise de rébellion. Aucune expérience de chef, aucune autorité, sans soutien de la part de ses assistants, Jean-Baptiste soumis, martyrisé va devoir trouver la parade pour montrer qui est le chef.


« Scout toujours », une occasion de voir de plus prêt le monde du scoutisme. Gérard Jugnot joue sur la nostalgie de l'enfance. Plus qu'une satire de l'univers du scoutisme, « Scout toujours » déborde d'émotion. Capable de passer de l’humour à la tendresse, cette comédie enchaine moments de découvertes, d’apprentissage, de bêtises à coup de poil à gratter dans la tente, de mise en danger, de prise de conscience, de prise confiance, jusqu’à de jolies séquences de solidarité humaine ajouté à un brin de romantisme jamais trop niais, juste dans le simple but de rendre encore plus attachant le personnage.


Gérard Jugnot en type naïf au cœur tendre et à la voix de crécelle lorsqu’il pousse sa gueulante, confronté à toutes sortes d’épreuves directement orchestrées par des sales gosses, le tout planté dans des décors naturels des Cévennes donnant envie de s’y rendre, c’est juste culte. Vous allez en vivre des aventures. Incendie de car, rencontre avec des gitans pas si sympathiques que ça, attaque de moustiques et de vipère, séquence vertigineuse au sommet d'un plateau, j’adore l’idée de proposer deux points de vues différents. D’un coté celui de Jean-Baptiste, de l’autre la tribu de gosses qui n’ont pas vraiment envie de suivre les règles, préférant s’amuser et découvrir le charme des femmes.



Alors, là les mecs, je crois qu'on est vraiment tombé sur une vedette



Au final, « Scout toujours », la bonne époque des comédies françaises des années 80 où l'insouciance et la naïveté faisaient la loi. Mais attention, « Scout Toujours », par delà les relations entre adultes et adolescents, abordera certains thèmes sérieux comme l'homosexualité voir carrément la pédophilie, le tout en évitant de trop choquer. Vous êtes dans une comédie tout public et ce, même si l'on a flanqué à Gérard Jugnot d’un Aumônier simplet et d’un homosexuel exhibitionniste paumé aux tendances pédophiles, tentant vainement de le charmer. Pas facile d’être un Gérard Jugnot. Respect.

Jay77
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le 1 juil. 2019

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