La Guerre du Village de Saw

La parodie est un art difficile parce qu’elle se heurte à des écueils. Structurels, tout d’abord. Il faut que le réalisateur s’y connaisse suffisamment en cinéma pour pouvoir pasticher de manière fine et réaliste les films, ou les genres auxquels il s’attaque. Les ZAZ, ou Mel Brooks, entre autres, avaient de leur temps assimilé des codes pour mieux les restituer en les détournant (les gimmicks des films catastrophes pour Y A-T-IL UN PILOTE DANS L’AVION ?, les arrêts sur image des fins d’épisodes policiers des 70’s et 80’s dans POLICE SQUAD, le noir et blanc et l’ambiance des films d’horreur des années 30 pour FRANKENSTEIN JUNIOR, entre autres).
Autre problème, c’est la temporalité. Certains gags peuvent se retrouver datés avant l’heure (ce qui fait que Y A-T-IL ENFIN UN PILOTE DANS L’AVION ? (qui n’est pas des ZAZ) ou LA CITÉ DE LA PEUR vieillissent mal) de par leurs contextes ou de par leur actualité sur un événement particulier.
Et ce qui peut aussi causer souci ne dépend pas du réalisateur mais du spectateur. Il s’agit du degré de culture de celui-ci. Je ne parle du fait qu’il faille être ultra-cultivé pour comprendre quelque chose et se marrer, mais que parfois il y a un public cible et que cela peut laisser du monde sur le côté (par exemple dans LA FOLLE HISTOIRE DU MONDE ou LA FOLLE HISTOIRE DE L’ESPACE, voire SCARY MOVIE 1 ou 2, ou il y a des gags d’humour juif pour les deux premiers ou black pour les deux autres).
De même, l’outrance peut parfois avoir ses limites et le curseur poussé trop loin entraîne un échec du gag.
Dans ce Scary Movie 4, le fait d’avoir un Zucker aux commandes est un vrai plus, surtout quand on prend des passages entiers de films comme récit principal (la trame fil rouge est celle de LA GUERRE DES MONDES de Spielberg, et deux autres fils directeurs viennent se greffer dessus, LE VILLAGE de Night Shyamalan et SAW). Lier tout ça dans un scénario sans queue ni tête est en soi assez jouissif. Il y a certes des temps morts, mais on se marre à voir détourner certains passages.
Il y a quelques moments sans intérêt (la fin, qui pour le coup subit un terrible coup de vieux (il s’agit de la parodie de l’interview d’un Tom Cruise sous acide par Oprah Winfrey) ou les redondances de gags).
Malgré tout, on a une parodie qui remplit à peu près le cahier des charges et nous fait passer un bon moment.