Il est assez étonnant que le cinéma se soit aussi peu intéressé par le passé au monde des pompiers, dont les valeurs et les participations à des actions spectaculaires semblent offrir d'immenses potentialités scénaristiques. Dernièrement, Les hommes du feu de Pierre Jolivet, passé un peu inaperçu, posait un regard pertinent sur une caserne du sud de la France, mêlant adroitement le collectif et l'individuel. Sauver ou périr est lui centré presque exclusivement sur un individu dont le destin semble tout tracé et qui, après un accident, va devoir ranger ses espoirs au vestiaire et tenter de se reconstruire. Feu le pompier, bonjour le citoyen lambda. Le film aborde le sujet avec une certaine assurance mais tombe très vite dans une suite de figures narratives attendues, dramatiquement parlant, entre le désespoir et la renaissance. Ce n'est pas que le scénario soit mal écrit, c'est qu'il est sans grande surprise et surtout que sa gestion de la pudeur et de l'intimité est fort inégal, esquivant parfois les larmes puis recherchant directement l'émotion. La déception vient tout autant de la mise en scène de Frédéric Tellier, pourtant plutôt bien inspiré en la matière dans son premier film, L'affaire SK1. Si le film ne périt pas tout à fait de par ses lacunes, il est surtout sauvé par l'interprétation de Pierre Niney, toujours juste, et par celle d'Anaïs Demoustier dans un rôle pourtant ingrat de femme de héros tombé de son piédestal dans lequel elle parvient à montrer une subtilité et une lumière épatantes.

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le 8 nov. 2018

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