Saturday the 14th (Howard R. Cohen, U.S.A, 1981)

Il est très difficile de réaliser une bonne comédie, mais alors quand il en vient à mettre en scène une parodie, la difficulté est d’autant plus grande, car cela demande une certaine rigueur. Il ne s’agit pas juste d’enchainer clichés et poncifs pour que ce soit hilarant. Une bonne parodie est une œuvre qui réfléchit sur le genre qu’elle dupe. Il en existe en ce sens d’excellentes comme ‘’Airplane’’, ‘’Top Secret’’, ‘’Hot Shots 1 & 2’’, ‘’Scary Movie’’, ‘’Walk Hard : The Dewey Cox Story’’, pour ne citer que les meilleures.
Production New World Pictures, boite créée par Roger Corman, le roi du bis alternatif, qui avec le temps a évolué vers le Z parfois gênant, ‘’Saturday the 14th’’ possède absolument tous les stigmates de la parodie vaine et ratée, à plus d’un égard. À commencer par son titre, qui se veut un détournement assez amusant de ‘’Friday the 13th’’, qui laisse augurer du bon. C’est en réalité un piège, puisqu’à aucun moment le film ne fait de références à Jason ou Crystal Lake…
Le métrage d’Howard R. Cohen, qui sent bon la production complétement fauchée, reprend en fait les codes du film d’horreur à l’ancienne. La maison hantée, les vampires, la créature du marais et compagnie. En empilant ces multiples éléments inhérents à l’épouvante, il espère par une surenchère de la représentation, trouver le point de rupture entre l’ennuie et l’hilarité. C’est un échec et le film n’est jamais drôle, jamais fun et jamais intéressant à suivre.
C’est comme regarder un très mauvais film d’horreur qui s’évertue à associer tout ce qu’il peut pour faire naitre une ambiance particulière. Sauf que ça ne fonctionne absolument jamais. C’en devient même complétement gênant, à regarder les comédien/nes se débattre dans ce marasme de mauvais goût, en roue libre totale.
C’est cependant l’occasion de retrouver Jeffrey Tambor jeune, qui faisait déjà vieux, dans un mauvais rôle de vampire, qu’il incarne comme une patate. Le tout au travers d’une intrigue des plus moribonde, qui n’offre absolument aucune raison pour justifier les actions de personnages à côté de la plaque, qui continuent d’agir et de vivre normalement. Alors qu’il y a clairement quelque chose de louche dans leur maison.
C’est surtout ça le gros problème de ce triste ‘’Saturday the 14th’’, la piètre écriture des personnages. Déjà l’implication des acteurs est à géométrie variable, entre ceux qui croient dur comme fer à ce qu’ils interprètent, et à une histoire des plus naze, et il y a les autres. Ceux qui n’ont pas l’air de comprendre ce qu’ils font dans cette galère, alors qu’ils étaient arrivés plein d’espoir à Hollywood dans le but de faire une grande carrière. Wrong.
Dans leur ensemble les acteur/rices sont très mauvais et donnent l’impression de faire ce qu’ils peuvent pour que le public croit un minimum à ce qu’il se passe à l’écran. Sauf que du fait c’est totalement forcé, et l’intégralité du cast est complétement un ton à côté de l’ambiance qu’essaye désespérément d’instaurer le métrage.
‘’Saturday the 14th’’ c’est vraiment un mauvais film, une œuvre vaine qui démontre que pour réussir à faire rire il faut un certain savoir-faire. Et même au-delà, pour emballer une vraie parodie hilarante, il faut tomber juste dans la représentation de ce qu’il se passe à l’écran. Or, ce métrage est à côté de la plaque, et plutôt que de parodier le genre à la mode en 1981, qu’est le slasher, dont il tire tout de même son titre, il devient une parodie daté d’un univers horrifique appartenant aux années 1930 et 1960. Avec les monstres de la Universal ou ceux de la Hammer.
Complétement naze et à côté de la plaque, il est difficile de savoir à quel public se destinait cette œuvre, qui ne parle pas à la jeunesse de 1981, pourtant les premiers consommateurs de films d’horreur et de ce genre de parodie, qui ne parle pas non plus à un public plus âgé pour qui les thèmes parodiés paraissent lointain.
‘’Saturday the 14th’’ ne trouve jamais son public cible, il traite d’un mode horrifique beaucoup trop daté, sans génie, ni maitrise. C’est juste un film un peu triste, qui se regarde non sans une certaine gêne, avec une perte d’intérêt progressive envers un projet qui n’a rien à proposer. Et 40 ans après ce n’est toujours pas drôle ou amusant. Déjà daté en 1981, il apparaît aujourd’hui comme une production ringarde, où rien n’est à sauver. C’est ce qu’on appelle vulgairement un naufrage.


-Stork._

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le 14 mars 2020

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