Dès les premières minutes, ce qui fonctionne immédiatement, c’est cette atmosphère bien particulière, c’est elle, qui fera la force, l’attraction innée de ce métrage, empreinte de mystère, d’un je-ne-sais-quoi qu’il est difficile de réellement déterminé, on ne saura pas vraiment pourquoi, pourtant, on sent tout de suite que rien ne sera jamais plus pareil après, comme si notre vision du monde allait irrémédiablement être changée. Entre rêve et réalité, mais aussi présent, passé et futur, nous serons constamment sur le fil du rasoir, toujours dans un certain flou, est-ce que ce qu’il se passe existe, ou bien sommes-nous dans l’ordre du fantasme, du souvenir, d’une vie rêvée que l’on s’imagine, ce sera là, le fond de ce film hors norme, aussi expérimental, que profondément humain, presque viscéral. C’est avant tout le témoignage poignant de la solitude, de celle qui vous colle à la peau depuis toujours, avec laquelle vous grandissez, comme une amie intime, qui fait votre quotidien et qui vous poursuit inlassablement, comme si vous ne pouviez pas vous en détacher, qu’elle faisait partie de vous, comme une ombre qui vous tient dans ses griffes. On se rend compte des blessures qu’elle peut entraîner, des cicatrices qu’elle peut laisser, profondément en vous, vous empêchant d’avancer, du mur qu’elle peut construire autour de vous, comme si plus personne ne pouvait le franchir, comme si plus rien ne pouvait vous atteindre, le mal, mais aussi le bien et c’est là le plus terrible, parce que la peur que cela entraîne, c’est aussi celle qui vous empêche de prétendre au bonheur. La réalisation d’Andrew Haigh est simplement sublime, aussi artistique, que poétique, il nous propulse au cœur d’une atmosphère prégnante, fascinante, presque hypnotisante même, il nous immerge dans un cadre fait de sensations, d’émotions, mais aussi de mystères. Visuellement, c’est un petit bijou, tout en simplicité, il n’y a rien d’extravagant, tout est fait de douceur, de subtilité, de lumière, mais aussi d’obscurité, c’est la vie, dans toute ses nuances, dans toute sa brutalité parfois, mais surtout, dans toute sa beauté, celle au naturel, que l’on trouve partout autour de nous, si on prend le temps d’ouvrir enfin les yeux. En ce qui concerne le scénario, il est parfaitement maîtrisé, adaptation d’un roman, on sent toute la poésie de l’écriture à travers ce métrage, bien que ça puisse paraître déstabilisant de prime abord, il suffit de se laisser porter, pour comprendre, pour que toute la force du récit, vienne nous percuter. Ainsi, c’est son titre qui viendra nous hanter, qui viendra résonner de toute sa puissance, de toute sa vérité, lorsque le dénouement survient, on en comprend toute l’étendue, toutes les nuances, toute la douleur aussi, celle d’un deuil jamais fait, des adieux qui sont pourtant essentiels, pour pouvoir avancer et enfin, s’ouvrir aux autres. Quant au casting, il est simplement exceptionnel, le duo Andrew Scott/Paul Mescal est incroyable d’intensité et le duo Jamie Bell/Claire Foy est bouleversant de symboles.


En bref : Un film particulier certes, mais d’une force, d’une puissance extraordinaire, la vision de la solitude, dans tout ce qu’elle a de plus terrible, de plus dévastateur, parce que les souffrances qu’elle engendre vous marquent pour toujours, vous empêchent de vous ouvrir, mais il est difficile d’aller à l’encontre de temps d’années passées seul et le seul moyen d’y parvenir, c’est de tourner la page, mais il est parfois trop tard !


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Vampilou
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le 28 mars 2024

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