Saltburn
6.2
Saltburn

Film de Emerald Fennell (2023)

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J'ai vu Saltburn hier soir, cela faisait du bien de voir un fil d'une telle qualité.

J'ai beaucoup apprécié l'attention portée dans les détails, dans la symbolique, les couleurs les formes, les ombres, les mots. En plus d'être esthétiques et très bien éxecutées les images portaient des métaphores poétiques et faisaient même parfois penser à la réalisation d'un clip.

J'ai trouvé beaucoup de références à des films et univers que j'ai aimé, notamment la salle de bain partagée, le champs de blé et la romance entre les garçons -dont le prénom Oliver- m'ont fait écho à Call me by your name, la scène dans la baignoire à Malcolm & Marie, les paillettes sur les joues de Farleigh à Euphoria, ou l'arrivée d'Oliver à Oxford à Harry Potter, et bien d'autres. Ainsi il était sympas de faire le lien avec pleins d'autres univers familier tout en plongeant dans cette histoire unique.

Il était appréciable et inspirant de voir les personnages danser et exprimer leur pulsions avec leurs originalité et une nudité décomplexée. La dynamique joyeuse de la bande son accompagnait merveilleusement l'univers macabre qui se déployait devant nous.

Ce qui m'a par moment décroché du propos du film est dans le traitement des personnages à mon sens encore trop collé à la construction hollywoodienne du "gars populaire" et du "freaks and geeks". Ces représentations binaires du but d'ascension sociale basée sur l'idéalisation de l'autre commencent à m'agacer. C'est à la fois un fait réel, j'ai appréciait que le thème de "l'observateur" ou "l'admirateur" soit abordé mais il serait aujourd'hui plaisant de déstigmatiser ces thématiques,

or turns out que Emeral Fennell en a fait un "freak", poussé à l'extrême psychopathe ce qui nous fait se désidentifier radicalement du personnage au final. Soit, c'est un choix.

Il y a bien évidemment ces réalité de différents milieux, différentes éducations qui touchent à l'estime de soi. Mais voir sans cesse les mêmes représentations de ceux qu'on oppresse (le diable) et ceux qu'on valorise (l'ange) basé sur des critères tels que : le nombre d'amis, la fortune démesurée de Felix, le charisme (normé), la séduction objetisant les femmes sans tenir compte de leur désir - peut-être est-ce une critique de la part de la réalisatrice ? Je l'ignore- Ou au contraire le fait d'avoir une surefficience mentale, de porter des lunettes, d'avoir des difficultés dans le lien à l'autre, d'être introverti pour Oliver comme justification d'oppression. À mon sens ces représentations continuent de jouer sur les mêmes instincts de survie de l'homme à vouloir s'intégrer en nous faisant croire que l'on "devrait ressembler à tel model" ce qui pousse à désirer se changer et d'avantage au rejet de soi que des représentations qui pourraient être plus inclusive dans leur glamourisation. Le fait que Felix et Oliver nouent une amitié et intéressant notamment le fait qu'elle soit vécue de façon très intense du côté d'Oliver pour qui c'est nouveau, cependant à Felix est trop montré comme "le sauveur intouchable et frollant la perfection", ce qui est une représentation de l'humain fantasmée.

Au final, Oliver n'avait pas tant besoin d'être sauvé que ça puisqu'on nous montre qu'il contrôle tout ce jeu depuis le début. Il n'empêche qu'Oliver reste juste un psychopathe sans coeur, et Felix juste la victime qui a eu le malheur d'avoir trop bon coeur en voulant l'aider. Cette histoire on la connait, on en veut d'autres. Qui cessent de stigmatiser la santé mentale, de faire une distinction binaire entre "les gentils" et "les méchants", qui s'interrogent et ajoutent de la nuance dans leur propos !

Je me suis de même questionnée sur l'accent mis sur la sexualité d'Oliver, j'ai trouvé cette approche à la fois interessante comme un retour à une expression humaine assez primaire et spontanée et à la fois étais dérangée par la sensation que "ça prenait trop de place" et me demandant parfois l'utilité de ces scènes. De même lorsque je parlais de l'objetisation des femmes qui servent à valoriser le personnage de Felix, il suffit à une qu'il aille la voir et lui donne une fessée pour qu'elle parte avec lui. Une autre l'attend seule sans nouvelle et se rapproche d'Oliver dans l'unique but de rendre Felix jaloux, puis laisse tomber brutalement Oliver quand elle s'aperçoit que ça ne fonctionnera pas. Les clichés viennent de situations réelles, mais sont ici trop radicaux. Les femmes servent essentiellement à faire pencher la balance de pouvoir entre Félix et Oliver sans tenir compte de leur propre désirs ou de leur indépendance.

louyzeu
7
Écrit par

Créée

le 6 mars 2024

Critique lue 5 fois

louyzeu

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