Sakuran
6.8
Sakuran

Film de Mika Ninagawa (2006)

Suite de photos chamarrées qui bougent

L'histoire bordélique (c'est le cas de le dire) de Sakuran s'affranchit du manga, et c'est là son erreur. Là où le manga est cynique et scabreux, le film fait marche arrière et s'empêtre dans des clichés à l'eau de rose pour passer une pommade de conte de fée au téléspectateur qui est bien assez grand pour entendre la vraie histoire de la vraie vie.


Visuellement, on est comblé : les kimonos aux motifs éclatants s'enchaînent sur des décors écarlates et méticuleusement agencés, agrémentés d'un maquillage anachronique et d'objets pittoresques comme la longue pipe de tabac ou les aquariums en tranches rondes. (D'ailleurs, je me suis inquiétée plusieurs fois pour les poissons rouges qu'ils ont fait tomber par terre, je ne devrais pas m'étonner puisque personne n'écoute jamais les associations des droits des animaux). La bande-son est aussi exceptionnelle que variée, anachronique elle aussi, elle semble dire à tout instant "ce film est une oeuvre d'art avec un grand A". Anna Tsuchiya, avec son visage sévère et piqué, donne une performance qui à mon sens manque d'humanité. Je ne sais pas ce que je lui reproche exactement sinon que je n'y crois pas vraiment quand elle est amoureuse, ni quand elle est de bonne humeur, mais ça va sans doute avec le personnage.


Mais voilà, l'histoire est bébête. Dans le manga, elle tombe amoureuse d'un client, attend passionnément qu'il vienne la voir, finit par s'enfuir pour aller le chercher, comprend qu'il ne l'a jamais aimée et rentre détruite au bordel. Tel le poisson rouge dans son bocal, elle dit qu'elle ne peut exister nulle part ailleurs que dans la maison close, et c'est la triste vie d'une prostituée médiévale en exergue, la vie d'une esclave sexuelle dans sa misérable réalité. C'est terrible mais poignant. Tragique. Rutilant.


Dans le film, ils ont rajouté un intendant dans la maison close avec qui elle tombe amoureuse pour de vrai et s'enfuit. Bon, on y croit plus, c'est nul. Surtout qu'elle part en courant dans un champ sous une pluie de fleurs de cerisier c'est vraiment pince-sans-rire dans le genre cliché du pays des clichés.

Diaboloque
7
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le 1 mars 2022

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Diaboloque

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