Une chimère entre documentaire et retransmission télévisée du procès: fade et sans couleur

Quels sont les limites de la maternité? Qu'est-ce qu'être une mauvaise ou une bonne mère? Comment juger la responsabilité d'une personne victime elle-même d'une invisibilisation de la part de la société? Le film d'Alice Diop entame des voies passionnantes sans pour autant adresser aucun d'entre elles. Il nous laisse sans réponses, quelque chose qui n'est pas désagréable dans l'absolu, mais qui dans ce ce docufiction ,sans voie ni loi? me laisse une impression de brouillon visuel.

En effet le thème du film oscille entre l'amour souffrant d'une mère à travers la figure de la chimère. Cette chimère est évoquée de façon claire avec la mise en abîme incessante avec le mythe de Medea. Ce mythe est mis côte à côte avec les titrailles tragiques des avocats nous montrant les faits réels que le film est censé nous raconter à nous, ce personnage inventé par la réalisatrice.

Ce personnage, qui, finalement ne fait en rien avancer la trame narrative et qui est surtout dans le film pour faire une pause entre les longues tirade, permettant à la réalisatrice de couper et nous rappeler que nous sommes possiblement en train de visioner un film. Le drame personnel du personnage principal est sans grand intérêt, sa relation avec la maternité est sans trop d'intérêt et me paraît difficile à emphatiser. Un mot au passant sur les analepses de notre personnage, montré de façon très irritante avec une caméra vintage, pour laisser bien clair qu'il s'agit de souvenirs et que c'est vieux. Un personnage traumatisé parce que sa mère n'était pas très affectueuse, et qui donc empathise avec l'infanticide, "très touchant".

Je crois qu'un autre thème du film est celui de l'invisibilisation, celle qu'a vécu le personnage principal (oubliable) vis à vis de sa mère et que le personnage vivra dans nos souvenirs. L'invisibilisation de l'accusée lors de son arrivée en France, en réalisant ses études, en arrivant sur l'estrade avant de pouvoir plaidoyer, celle qu'elle continue de vivre avec ses habits qui lui cachent parmis le décor. mais qui laissent un choix d'affiche fade, comme le personnage inventé. Un gribouilli de film avec beaucoup de potentiel mais qui aurait fait mieux de rester un documentaire et de nous épargner d'un personnage fade ayant comme sort promis : l'invisibilisation dans mes souvenirs.

daboaimedesfilms
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le 12 janv. 2023

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