Comédie dramatique académique dans sa mise en scène, mais souvent brillante dans son écriture, Sage Femme orchestre surtout la rencontre de deux actrices majuscules du cinéma français que Martin Provost a la bonne idée de rassembler pour la première fois. Les Catoche construisent subtilement le rapprochement de ces deux femmes vivant leur solitude de manière totalement opposée, mais dont les vies sont marquées par un manque similaire. Elles vont progressivement se rendre compte qu’elles ont autant besoin l’une de l’autre : en s’imposant avec flamboyance et bagout pour l’une, un peu malgré elle pour l’autre.
Si le personnage incarné par Catherine Frot, rêche, rigide, sérieux, parfois résignée à ne s’épanouir que par son métier, peut sembler un peu écrasé par l’exubérance de Béatrice, leurs rapports vont peu à peu s’équilibrer. La personnalité de Claire va s’épaissir et gagner en nuances alors qu’un désir de vie aux atours d’abord contradictoires va la traverser, notamment au contact de Paul (Olivier Gourmet). Il n’est pas aisé de jouer cette (r)évolution, et il faut tout le talent de Catherine Frot pour y conduire son personnage sans à coup. Quant à Deneuve, elle est truculente, fantasque, et apporte un humour inattendu au film. Elle n’est jamais meilleure que lorsqu’on lui offre des bons mots, qu’elle sait abattre avec une précision chirurgicale. Elle peut alors atteindre des sommets de drôlerie. C’est souvent le cas dans Sage Femme, qui au-delà d’être le théâtre de l’émouvante et enthousiasmante rencontre entre ces deux grandes comédiennes, rend un bel hommage à un métier de l’ombre.
S’il parle finalement de peu de chose, Sage Femme raconte ce rapprochement improbable mais tout sauf artificiel, au bout duquel pointe un espoir revigorant, doux et apaisant. L’espoir d’une deuxième chance.

Créée

le 22 mars 2017

Critique lue 2.1K fois

5 j'aime

2 commentaires

Critique lue 2.1K fois

5
2

D'autres avis sur Sage Femme

Sage Femme
WildGoat
6

Catherine et Catherine

Un film qui ne me laissera pas un souvenir impérissable, dommage, je m'attendais à 1. une comédie: 4 ou 5 petits rires fusent dans la salle tout du long. 2. Un drame : une fin qui malgré tout est...

le 26 mars 2017

8 j'aime

8

Sage Femme
JorikVesperhaven
6

La rencontre au sommet de deux grandes actrices qui tiennent le cap pour une histoire un peu trop tr

Il faut avouer qu’on en attendait tout de même plus de la rencontre entre deux des plus grandes actrices françaises, les deux Catherine, Frot et Deneuve. Pas que « Sage femme » soit mauvais, mais on...

le 17 mars 2017

7 j'aime

Sage Femme
EricDebarnot
5

Effondrement du "cinéma du milieu"

Quand on en arrive au générique de fin de "Sage-femme", il me semble qu'on a normalement une question en tête. Un seule : "Qu'est-il arrivé au cinéma français "du milieu", celui de Sautet, de...

le 2 sept. 2017

6 j'aime

8

Du même critique

Ma Loute
Thibault_du_Verne
3

MA LOUTE – 6/20

Autant le dire d’emblée, Ma Loute m’est passé complétement au-dessus. Comédie burlesque, voir grotesque, empreinte d’une excentricité peu commune, le film de Bruno Dumont est si singulier qu’il ne...

le 23 mai 2016

42 j'aime

7

The Strangers
Thibault_du_Verne
4

THE STRANGERS – 8/20

Le mélange des genres est un exercice assez courant dans le cinéma sud-coréen (on se rappelle de l’ovni The Host de Joon-ho Bong), ce n’est pas ce qui étonne le plus à propos de The Strangers. On ne...

le 27 juil. 2016

38 j'aime

En attendant Bojangles
Thibault_du_Verne
6

Cinéma | EN ATTENDANT BOJANGLES – 13/20

Tombé sous le charme de cette fantasque histoire d’amour à la lecture du roman d’Olivier Bourdeaut, j’étais curieux de découvrir quelle adaptation Regis Roinsard allait en tirer, lui qui a prouvé...

le 22 janv. 2022

26 j'aime