Prêt à croiser à nouveau les effluves dans la glace ?

Bon, on le reconnaît, le premier opus du fils prodigue Reitman avait réussi à nous titiller le doux marshmallow nostalgique laissé par nos sourires d'enfant devant les aventures originelles de nos chasseurs de fantômes préférés (oui, OK, et de bien plus grand gamin aussi !). Mais, c'était aussi clairement sa principale limite, cette suite héritière tardive ne semblait conçue que pour cet objectif facile et finalement assez oubliable à court-terme, en se contentant de faire rappliquer à l'écran à peu près tout ce qui pouvait faire battre notre petit coeur de fan quitte à déborder dans la surenchère outrancière (et même, n'ayons pas peur des mots, à carrément friser l'overdose avec sa dernière partie Gozer-ienne). On était donc en droit d'espérer que ce deuxième épisode allait peut-être quitter cette zone de confort certes pas si désagréable mais limitée afin d'offrir enfin un peu plus de perspectives inédites à la descendante Spengler et ses acolytes (qui comptent tout de même les plus que sympathiques Paul Rudd et Carrie Coon en leurs rangs).

Après un prologue au contexte qui, lui, aurait été une superbe idée de relance temporelle de la franchise, la ville de New York fait ici son retour au premier plan pour nous plonger dans le quotidien de cette néo-équipe de chasseurs de fantômes ressortant de sa fameuse caserne l'intégrale de la panoplie de ce que l'on aime tant voir dans la course-poursuite avec les revenants, le tout sous le regard bienveillant de visages emblématiques et seconds rôles de la grande époque.

Pas de surprise donc, "La Menace de Glace" confirme et poursuit la formule de doux doudou à spectres initiée par "L'Héritage" et, il faut bien l'avouer, continue à faire plutôt bien son petit effet en ce domaine, surtout lorsque, par exemple, il s'agit de partager un sourire complice de Dan Aykroyd/Ray Stantz devant l'éternelle Ecto-1 lancée à toute blinde, gyrophares et sirène hurlantes, au-devant d'une manifestation surnaturelle (comment y résister après tout ?).

Et puis, même s'il fait dans le très basique en termes de blockbuster tourné vers un passé bien plus marquant, notamment en résumant la plupart de ses protagonistes à un simple trait de caractère comique ou une posture répétée à l'excès, il a le mérite d'enfin proposer une menace originale sur la route de ses héros (en faisant d'ailleurs plutôt bien monter son envergure malfaisante au fil des évènements), quelques bonnes idées de fondamentaux upgradés à la sauce moderne (le laboratoire) et même un mini-arc attendrissant autour de Samantha Spengler et de sa rencontre avec une certaine Molly.

Encore une fois, pas de quoi éluder la non-prise de risques absolue qui paraît être le fer de lance scénaristique de cette "Menace des Glaces", congelée dans la magie bien plus grande de ses modèles 80's, mais tout de même... de quoi offrir un spectacle qui donne envie de voir frétiller ces bons vieux canons à protons au sein d'un final ne pouvant s'annoncer que comme un sacré feu d'artifice face à un ennemi doté d'une telle puissance.

Problème, on se demande encore où est passé ce final tant désiré et qui aurait pu parachever notre indulgence d'aficionado envers le film ? Car, hormis les rapides combinaisons des rares sous-intrigues développées en amont, celui de "SOS Fantômes" est un désert de glace complet !

Expédiée comme pas permis, incapable de proposer la moindre ampleur spectaculaire et condamnant les quelques bonnes choses mises en place à un oubli instantané, la dernière partie du film de Gil Kenan s'apparente à un tel néant en vitesse accéléré qu'il faut s'assurer de ne pas cligner des yeux entre le début de l'affrontement et les inévitables félicitations de la foule post-combat pour ses sauveurs. Vis-à-vis d'un divertissement de ce calibre, on pouvait au moins s'attendre à en prendre plein les mirettes à ce moment, comme avait su très bien le faire le tant décrié "SOS Fantômes" féminin de 2016 (oui !), mais "La Menace de Glace" loupe ici le coche d'une manière assez ahurissante et ne laisse place qu'au souffle dévastateur d'un blizzard de vacuité sur l'intégralité de sa proposition déjà pas très solide.

Même si elle n'avait pas si mal commencé, la dégustation de marshmallows nostalgiques a donc viré à celle de friandises fondues, au goût de brûlé car trop longtemps restées sur le feu faute d'avoir eu l'attention qu'elles méritaient. Une impression de beau gâchis là où il n'y avait pas tant d'efforts à faire pour nous laisser une deuxième fois avec quelques sourires et des étincelles surnaturelles dans les yeux...

RedArrow
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le 15 avr. 2024

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