Ca y est, Rogue One : A Star Wars Story vient de sortir dans nos salles. Et alors qu'on se réjouit à nouveau, comme pour la sortie du Réveil de la Force, de pouvoir profiter du film avant les américains, les critiques de la presse spécialisée mettent déjà en avant les qualités du long-métrage. Si elles ne le qualifient pas de chef-d'oeuvre, elles le décrivent déjà comme un Star Wars de qualité, à la fureur guerrière certaine et à la cohérence avec l'univers de George Lucas affirmée et réussie.
Mais Rogue One est-il la première étape de l'expansion de l'univers qu'on attendait ? Est-il un bon Star Wars ? Mais surtout, est-il réellement un bon film ?


Gareth Edwards, après son interessant Monsters et après avoir habilement ressuscité Godzilla des limbes où l'avait enfouit Roland Emmerich, s'attaque au mythe, à la légende de Star Wars pour son troisième film.
Le bonhomme est spécialiste des effets spéciaux et a un talent visuel certains (Godzilla était impressionnant). Et si un chose peut être affirmée d'emblée, c'est que visuellement, au niveau de la réalisation pure, Rogue One est une claque. Le choix d'une réalisation plus guerrière, plus terre à terre avec un côté "film de guerre" poussé est surement le choix le plus pertinent du métrage. Durant les longues scènes de batailles, tirs de blasters et coup de bâtons s'enchainent avec une fluidité incontestable et les combats sont plus bruts qu'ils ne l'ont jamais été. Chaque impact, chaque pas sur le sol se fait ressentir comme une difficulté réelle pour les courageux soldats de la rébellion. On perd en dimension mythologique ce qu'on gagne en immersion. Même les dogfights sont plus brutaux que jamais, avec une caméra collée au vaisseau comme elle l'est aux troupes au sol.
Si JJ Abrams n'avait fait qu'imiter et réinterpréter à sa sauce la réalisation ample et classique de Lucas, Edwards n'en a que faire et nous impose une vision brutale et organique du conflit qui oppose l'Empire et la Rébellion. Les références sont nombreuses et habiles. On pense par exemple à Black Hawk Down ou au Soldat Ryan, qui ont défini en grande partie les canons esthétiques des films de guerre du XXeme siècle.


Cette aspect guerrier se traduit également par la mise en place de thématiques peu habituelles dans la saga, qui nous font réfléchir sur la nature même de tout ce qu'on nous a narré depuis le début.
En effet, la rébellion est-elle aussi blanche qu'on voudrait nous le faire croire ? L'Empire, malgré ses méthodes tyranniques, n'est-il pas la meilleure solution pour préserver la paix dans la galaxie ?
Autant de thématiques abordées qui remettent en question les fondamentaux de la saga. La vision, manichéenne récurrente dans tous les films, celle du bien contre le mal, est questionnée. Et cela fait du bien de voir une telle chose dans un Star Wars, même si encore une fois, certains y trouveront un chamboulement des codes trop conséquent qui trahit l'essence de la saga.


Pour terminer avec les atouts principaux du film, et sans spoiler, celui-ci établit une filiation pertinente et réussie avec Un Nouvel Espoir. Celle-ci fera hurler de joie les fans hardcore de la saga tellement elle les brosse dans le sens du poil. Et en parlant d'un tel sujet, il est important de souligner l'ingéniosité avec laquelle est utilisé le fan-service. Il y a bel et bien des références aux épisodes de la trilogie originale et de la prélogie, mais ils ne font pas tâche, à l'exception de l'incrustation numérique dégoûtante de certains anciens personnages.


Les personnages et le casting. C'est le premier point où le résultat est vraiment en demi-teinte.
Commençons par les deux acteurs principaux : la dernièrement nominée aux oscar et inévitable (elle est vraiment partout pour le coup) Felicity Jones et le Mexicain Diego Luna. Si le dernier s'en sort honorablement malgré un charisme assez faible, l’héroïne ne parvient vraiment pas à soutenir le film sur ses épaules et certains diront peut être qu'elle parait comme une tentative forcée de renouveler la réussite Daisy Ridley du septième opus. Son personnage n'est pas assez développée et son jeu facial tellement inexistant qu'elle retire une bonne partie de l'empathie qu'on pourrait ressentir. Les émotions transmises sont ainsi beaucoup plus dues au film et à son écriture qu'au jeu de l'actrice en lui même.
A côté, les seconds rôles sont en demi-teinte. Certains sont sous-exploités, comme ceux de Mads Mikkelsen (qui joue juste, mais pitié Disney, arrêtez d'embaucher ce type si brillant si c'est pour qu'on le voit si peu) ou Forest Whitaker (qui cabotine à mort). Mais les autres sont en majeure partie réussis, de Donnie Yen à la classe absolue et son partenaire sympathique Jiang Wen, en passant par Ben Mendelsohn en méchant classique mais décent, ou Alan Tudyk en comic-relief et ressort dramatique brillant (l'anti-Jar Jar diront certains).


Enfin, dernier point à aborder, et pour pas que cette critique ne s'éternise trop, l'écriture. Comme dis précédemment, si les personnages ne sont pas tous écrits équitablement d'un point de vue qualitatif, on a droit à un rythme très correct malgré un premier acte un peu long, avec une montée en puissance et un climax qui est peu être la plus grande bataille de tous les Star Wars visuellement parlant.


Pour conclure, on peut facilement affirmer sans trop se risquer que ce Rogue One est un film réussi qui remplit son contrat avec les honneurs. Malgré tout, ces défauts et sa nature même de spin-off rendent son utilité réelle discutable dans le paysage cinématographique d'aujourd'hui et dans la saga Star Wars. On retiendra principalement les qualités de metteur en scène du brillant artisan visuel qu'est Gareth Edwards, qui réussit à installer une atmosphère plus singulière à son épisode.


Si vous avez apprécié cette critique, n'oubliez pas de le signaler, ça fait toujours plasir de recevoir des avis. Et si au contraire, vous avez détesté, signalez le aussi car toutes les opinions sont bonnes à prendre.


Ps : La musique de Michael Giacchino, écrite sur le tas après le départ du brillant Alexandre Desplats, fait le travail mais n'est pas aussi mémorable qu'aucune prestation de John Williams, même celles de l'épisode 7. Entre Star Trek et Doctor Strange, il serait temps que Giacchino se diversifie car tous ses thèmes commencent à se ressembler et aucun n'est réellement mémorable (même si celui de Star Trek est tout à fait satisfaisant).

Replicant99
7
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le 15 déc. 2016

Critique lue 255 fois

Replicant99

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