Le deuxième décennie du 21eme siècle est d'ores et déjà une période sombre pour la créativité et l'originalité à Hollywood. L'industrie ne produit plus que (en dehors des super-héros, encore un autre sujet) remakes, suites, reboots, préquels de films populaire d'une autre époque ancrés dans la culture populaire dans un but purement lucratif, laissant la prise de risque à d'autres industries cinématographiques. Si le dernier Star Wars, malgré ses similarités flagrantes (choquantes) avec ses ainés, laissait entrevoir une passion et une envie de cinéma, que dire de Jurassic World, Terminator Genisys, The Thing, Evil Dead, Carrie, Total Recall, Robocop, Oldboy, SOS Fantômes... La liste est longue et croyez moi, interminable.
Comment Hollywood est-il arrivé à un tel vide créatif, ou s’enchaînent réchauffé et suites sans fin ?


Même si la saga Harry Potter est bien plus jeune que les films cités pour la plupart, elle a néanmoins posé une marque indélébile dans l'inconscient collectif et son public lui voue aujourd'hui un culte d'objet sacré proprement intouchable.


Et bien, si Les Animaux Fantastiques ne répondra pas à cette question, il permet néanmoins de prouver qu'étendre un univers pré-existant avec brio est encore possible.


On retrouve ainsi au commande ce bon vieux David Yates, réalisateur des 5 derniers Harry Potter (inégaux mais jamais mauvais), qui assure une cohérence graphique certaine avec les dernières aventures du sorcier aux lunettes.
C'est très étrangement J.K Rowling elle même qui s’attelle à l'écriture du script. En effet passer d'auteure de roman à scénariste de film n'a pas dû être aisé mais la talentueuse écrivaine parvient à produire quelque chose de qualité.


L'histoire raconte donc les pérégrinations de Norbert Dragonneau, joué par Eddy Redmayne bla bla bla... le synopsis est sur Senscritique, vous le connaissez surement.


Côté casting, c'est un quasi sans faute, malgré une Katherine Waterston un peu effacé et un Colin Farell aux expressions faciales toujours aussi peu varié (mais qui transpire tout de même la classe). Eddy Redmayne compose un personnage principal intéressant dans sa timidité et sa discrétion.. On veut réellement en apprendre plus sur son personnage qui fascine de par son passé et son rapport au animaux. Il arrive à se différencier suffisament d'Harry pour éviter l'écueil de la comparaison. Mention spéciale à Dan Fogler dans le rôle d'un moldu comic-relief de service vraiment touchant. Toujours juste dans ses expressions et touches d'humour, l'acteur fait rire autant qu'il émeut. Ensuite, le personnage le plus énygmatique est joué par un Ezra Miller dont le jeu autant que le faciès correspond parfaitement à ce jeune enfant battu qui refoule une rage profonde. Enfin, petite déception du côté de Ron Perlman qui apparaît 5 minutes à l'écran dans un rôle peu intéressant. Pourquoi alors caster un acteur de sa trempe ?
Le casting est donc réussi avec des acteurs tous au minimum bons, voire excellent. Celui-ci se démarque suffisamment pour ne pas subir la comparaison avec les héros de la série originale.


Donc le film essaie de raconter une histoire totalement nouvelle dans le monde des sorciers, tout en brossant dans le sens du poil le spectateur de la première heure. Et c'est là que réside sa plus grande réussite. On le doit (selon moi) au fait que c'est bien l'écrivaine elle-même qui a écrit le scénario. En effet, le film transpire la passion pour son propre univers et sait faire intervenir la même magie qui opérait mais jamais sous forme d'un bête copié-collé (bonjour Star Wars). Plusieurs changements massifs ont lieu. Premièrement, le cadre spatio-temporel a drastiquement changé, on se retrouve donc durant l'Entre-deux Guerres à New York. Ce changement n'est absolument pas négligeable car il permet de découvrir une culture différente de la magie, ainsi que d'ancrer l'histoire dans un cadre historique et politique réaliste et manipulé suivant les envies du film. On suit donc autant les sorciers que les moldus.
Deuxièmement, le film s'adresse aux fans de la saga d'origine principalement. Il est donc destiné à un public qui a grandit et qui n'est plus tout jeune. Ainsi, le film, bien qu'il reste résolument familial, se permet d'aborder des thématiques lourdes de sens telles que la nécessiter de cacher sa différence ou l'humanité de certains êtres monstrueux. On évite ainsi le manichéisme des Harry Potter avec des méchants aux motivations qui rappelleront les films X-men, ceux de Bryan Singer en tête.
Cet orientation permet au film de montrer une maturité et une sensibilité surprenante que n'avait pas les premiers Harry Potter. Certaines scènes choqueront les plus jeunes de leur violence et leur puissance évocatrice. Le ton est donc plus sombre malgré l'humour omniprésent (et réussi) qui contrairement à certaines autres productions hollywoodiennes, ne nuit pas aux enjeux et n'empêche pas l'investissement émotionnel du spectateur. Certaines scènes adoptent un ton plus enchanteurs et montre que les racines d'Harry Potter sont toujours bien ancrées.


Et c'est là que ça devient réellement intéressant. Si on connait très bien les impératifs financiers du film, ce dernier ne cède jamais au fan service gras. A peine entend-on quelques fois les noms de Poudlard ou Dumbledore. L'univers est respecté, adoré même mais le long-métrage est suffisamment intéressant par lui même et annonce probablement une grande saga dans les années à venir.


Un mot sur la réalisation, qui est peut-être le plus grand "défaut" du film. En effet, David Yates, à part quelques jolis lumières et CGI, s'efface totalement pour une réalisation très académique. Au moins ne cède-t-il pas au montage brouillon des scènes d'action de certains films d'aujourd'hui (Captain America...). En même temps, est-on en droit d'en attendre plus d'un tel yes-man.


Alors pourquoi un 7/10 et pas plus me direz-vous. Et bien simplement car même si le film annonce une saga fantastique, il manque probablement d'ambition et de grandeur dans son histoire. Ce n'est pas un défaut déterminant car il ne nuit aucunement au visionnage, mais simplement un regret qui m'empêche de hausser ma note.


En conclusion, J.K Rowling use encore de ses formidables talents de conteuse pour nous raconter une histoire prenante, touchante, et fascinante malgré peu être un léger manque de prises de risque visuelles et d'ambition narrative.

Replicant99
7
Écrit par

Créée

le 27 nov. 2016

Critique lue 288 fois

Replicant99

Écrit par

Critique lue 288 fois

D'autres avis sur Les Animaux fantastiques

Les Animaux fantastiques
Maxime_T__Freslon
5

Dans la continuité de ses prédécesseurs... mais pas pour le meilleur.

EDIT ! Y’avait autant de raison d’être enthousiaste et heureux de voir la saga sur le sorcier à lunette au cinéma que d’être inquiet et sceptique quand on voit la politique actuelle des studios...

le 18 nov. 2016

91 j'aime

15

Les Animaux fantastiques
SmallThingsfr
8

Les Animaux Fantastiques : quand les sorciers se font équilibristes (100% spoiler)

Je l'ai attendu, elle est là. La nouvelle pierre de mon enfance. Harry Potter a aidé à construire beaucoup de choses en moi et, depuis la fin de la saga, j'attends son retour que je pensais...

le 16 nov. 2016

68 j'aime

7

Les Animaux fantastiques
ClémentRL
4

Critique de Les Animaux fantastiques par Clément en Marinière

J.K. Rowling, qui se heurte plus que personne à l'impossibilité empirique de se réinventer après le succès écrasant d'Harry Potter, se devait, pour la postérité, de laver sa réputation de l'infamante...

le 17 nov. 2016

60 j'aime

9

Du même critique

Assassin's Creed
Replicant99
5

Critiques assassines

Après une adaptation de la saga de jeu vidéo Warcraft mitigée et moult autres adaptations en général totalement foirées (Prince of Persia, Doom, Hitman, Max Payne, Alone in the Dark etc... Le seul...

le 20 déc. 2016

Rogue One - A Star Wars Story
Replicant99
7

Filiation Guerrière (sans spoilers)

Ca y est, Rogue One : A Star Wars Story vient de sortir dans nos salles. Et alors qu'on se réjouit à nouveau, comme pour la sortie du Réveil de la Force, de pouvoir profiter du film avant les...

le 15 déc. 2016

Les Animaux fantastiques
Replicant99
7

Aussi fantastique que prévu ?

Le deuxième décennie du 21eme siècle est d'ores et déjà une période sombre pour la créativité et l'originalité à Hollywood. L'industrie ne produit plus que (en dehors des super-héros, encore un autre...

le 27 nov. 2016