Avec ‘Robuste’, Constance Meyer signe un premier film anecdotique, faisant rarement mouche et qui se regarde sans déplaisir mais sans passion non plus. De quoi s’agit-il ? Lorsque son bras droit et seul compagnon doit s’absenter pendant plusieurs semaines, Georges, star de cinéma vieillissante, se voit attribuer une remplaçante, Aïssa. Entre l’acteur désabusé et la jeune agente de sécurité, un lien unique va se nouer.


On pourra remercier Constance Meyer de nous avoir épargné les schémas démagogiques ‘l’homme qui ne comprend rien à la femme et qui va grandir face à elle’ ou ‘l’homme âgée qui s’ouvre face à la jeunesse’. En fait, il s’agit, dans ce film de confronter deux contraires mais de plus évoquer leur point commun que leur différence. Les deux personnages sont deux carrures immenses (en terme de physionomie) mais se révèlent être des âmes très sensibles mais très seules. Le fil conducteur est donc un peu mince.


A partir de ça, les situations convenues ne peuvent que s’enchainer. Depardieu regarde ses poissons, Depardieu se douche, Depardieu fait des essayages costumes pour un film d’époque, Depardieu prend des cours d’escrimes. Constance Meyer n’a pas trouvé une façon originale de représenter la solitude de cet acteur. On le voit seul chez lui, on le voit boire. Original ! Du côté du personnage d’Aïssa, ça n’est guère mieux. Comment la réalisatrice montre t’elle son léger mal-être ? Et bien simplement en nous montrant qu’elle a une relation avec un garçon qui ne l’aime pas vraiment.


Constance Meyer a structuré son film de manière assez banale. Le film alterne les séquences ou il est seul, les séquences ou elle est seule et les séquences où ils sont tous les deux. Mais Constance Meyer ne fera pas évoluer ses personnages. Ils resteront les mêmes et ne parcourent aucun chemin dans leur film. Car la réalisatrice échoue à nous montrer ce que les personnages inadaptés s’apportent mutuellement. On peut également ajouter que le schéma ‘le riche blanc’ et ‘la personne de couleur de milieu plus modeste’ a déjà été fait mille fois (‘Intouchables’ pour ne citer qu’un film).


Dans ce genre de film construit autour d’un acteur mythique (ici Depardieu), les interprétations sont reines. Ici Depardieu est en mode ‘service minimum’, sans prise de risques, sans fulgurance. Il joue à peine de son image, on voit quelques clins d’œil mais pas grand-chose. Quant à Deborah Lukumuena dans le rôle d’Aïssa, elle n’est pas mauvaise. L’actrice joue de son incroyable carrure. Mais comme les situations à jouer sont d’une banalité confondante, ils n’ont pas l’occasion de briller.


Alors que garder de ce film ? Quelques touches d’humours bienvenues et des acteurs aux corps improbables, inadaptés. Ajoutons la description intéressante mais brève de la boîte d’agents de sécurité dont fait partie Aïssa et les séances de lutte qui ramène un peu d’action dans ce film infiniment banal.

Noel_Astoc
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le 6 mars 2022

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Noel_Astoc

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