"Nous sommes des policiers, nous ne somme pas des plombiers! Et les plombiers ne font pas la grève!"

Un flash infos. Le duo de présentateurs annonce que l'officier Frederickson de la police de Detroit a été grièvement blessé lors d'une opération qui avait pour but d'arrêter la bande à Clarence Boddicker, qui sème la terreur dans les bas-fonds de la ville automobile.

Alex Murphy, gueule de samaritain, flic modèle et père de famille débarque au commissariat du quartier sud de Detroit. Son nouveau lieu de travail. Muté sous l'ordre de l'OCP, conglomérat militaro-industriel qui a la main-mise sur la police de la ville, Murphy va découvrir un vestiaire dans un état délabré, déshumanisé, découvrant des collègues à la limite de la rupture, impuissant face à la criminalité, menaçant d'entamer une grève pour sonner la révolte. Pendant que Murphy s'installe, la menace de mutinerie est interrompue par le Sergent Parks. Il vient vider le casier de l'agent Frederickson, sans un mot, annonçant juste la date prévue pour les funérailles. Tout le monde accuse le coup, le sergent tient tête face à la possible mutinerie. "Nous sommes des policiers, nous ne somme pas des plombiers! Et les plombiers ne font pas la grève!". Quelques minutes plus tôt, Murphy était accueilli par un "Bienvenu en enfer" par un collègue anonyme. Il ne sait pas que ce n'est que le commencement.

Voilà la méthode Verhoeven. Une introduction coup de poing qui va droit au but, montrant une civilisation qui sombre dans le chaos, annonçant la venue d'un messie en acier et en boulons, justicier d'une ville en proie à une pauvreté et une criminalité extrême. Une ville gangrenée par un capitalisme impitoyable, dont l'espoir viendra d'une créature bâtarde qui est elle-même le fruit d'une déshumanisation galopante. Ironie du sort typique du Hollandais violent. Science-fiction, satyre, anticipation, super-héros, analogie religieuse, Robocop est tout ça à la fois, malgré un durée de 1h40 de film. Là où aujourd’hui, certains ont à peine le temps de développer piteusement un climax durant ce délai, Verhoeven donne tout ce qu'il a, la partition est réglée comme du papier à musique, il n'y a pas un doigt de gras qui dépasse, et on ne peut qu'applaudir à la fin du long-métrage avec une réplique qui restera dans les mémoires du cinéma. "Murphy".

A sa sortie, Robocop était un film de science-fiction, aujourd'hui, il peut être considéré comme un drame réaliste, nonobstant la technologie cybernétique, la réalité de la ville de Détroit en 2013 dépassant celle décrite dans le film. Ça fout le cafard, et on en sort pas optimiste concernant le futur de la société moderne.

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le 8 juin 2013

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NonoDarko

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