J'ai bien ri dans l'ensemble et le film était aussi plutôt touchant. Très bien réalisé, bien écrit et extrêmement bien joué, surtout ! Poelvoorde et Boon sont excellents tout du long, d'une grande justesse et beaucoup plus mesurés, notamment dans les moments plus graves, que l'un et l'autre ne sont connus pour. Viard est juste brillante et son tandem avec le gars que je ne connais de nulle part qui joue son mari était très jubilatoire. Le reste du casting fait un travail honnête, y compris la nana qui joue Louise, mais ceux que j'ai cités crèvent l'écran.

L'histoire a le mérité d'être très particulière. Le récit est prenant, malgré quelques longueurs, mais le concept principal est vraiment intéressant. Les passages drôles ne sont pas répartis uniformément, mais il y en a quand même tout du long et comme je m'intéressais à l'histoire de fond, les passages pas drôles ne m'ont pour plupart pas gêné.

Bien sûr, ça y allait un peu fort dans les lieux-communs sur le racisme, mais ceux qui lèvent les sourcils en s'arrêtant à ça sont peut-être passés à côté du concept. Je veux parler de la transposition du racisme quotidien ou soit-disant "ordinaire" (d'après certains ici, moi je ne suis pas d'accord ; j'y reviendrai) dans un contexte totalement dépassionné et, justement, peu crédible au premier abord (pour un public français et contemporain, en tout cas).

D'une part, nous sommes les victimes, *nous*, les français moyens typés caucasiens et, d'autre part, les racistes sont en tous points identiques à nous, pour autant que l'on en puisse juger par ce film, mais même au-delà. Ce n'est peut-être pas vrai pour tout le monde, je ne sais pas, il se peut qu'il existe des belges nationalistes xénophobes vouant ouvertement une haine viscérale aux français, ou l'inverse, sûrement même, pourquoi pas. La xénophobie se trouve enfouie un peu partout où il y a des tribus différentes qui se rencontrent. Cependant, on ne peut pas dire que les tensions franco-belges soient exactement au sommet des fléauts qui menacent le journalistiquement correct "vivre ensemble" en France de nos jours.

C'est le côté que j'ai trouvé intéressant. Il est beaucoup plus facile et évident pour une large partie du public français actuel de hausser les épaules en s'exclamant d'un seul homme "mais il est con ou quoi ?!" face à ce dangereux psychopathe belge qui est prêt à commettre un crime xénophobe à tout moment aux dépends d'un "frouse" ou d'un "camembert", que cela ne l'aurait été dans un film sur le *racisme* au sens premier du terme. Car là, l'audience serait partagée entre ceux qui baissent les yeux de honte et ceux qui hochent la tête de ressenti, selon le vécu et les personnes. Le film, pour l'essentiel, est une métaphore pour faire ressentir et remarquer le racisme "quotidien" d'une manière évidente. L'air de rien, c'est plus subtil que ne le serait par exemple, une histoire sur les martiens clairs de peau contre les martiens foncés de peau ; car l'aspect "martien" serait vite éludé par l'autre aspect. Bien sûr, c'est sans doute assez différent du point de vue du public belge, dans la mesure où le film dénote tout de même une touche franco-française en n'ayant que deux personnages "racistes", tous deux belges.

Le seul aspect qui m'a dérangé, c'est le fait qu'on ait un dangereux psychopathe qui commet de nombreuses bavures et même crimes au fil de l'histoire, mais que la seule chose qui soit retenue c'est qu'il est "raciste" et non pas "à enfermer et d'urgence"' ou même tout simplement "pas vraiment apte à exercer une fonction d'autorité, dans laquelle il se promène avec un gun et, apparemment, une totale immunité". "Ordinaire", dites-vous ? Si on avait au quotidien des douaniers ou même des flics qui proféraient des insultes racistes haut et fort et en public et ouvraient le feu sur tout et n'importe qui pour un oui ou pour un non... Je pense que ça se saurait, quand même. Même quand des militaires pètent ce genre de câble en temps de guerre, on nous en parle à la télé et on s'en offusque. Surtout dans la mesure où les délinquants bien moins dangereux dans le film sont sévèrement punis par la loi sans pitié et de manière très explicite, le fait que le personnage de Poelvoorde s'en sorte avec de simples réprimandes à l'oral de la part de sa hiérarchie (à l'occasion), ça me pose un *léger* problème.

Mais bon, je développe un peu trop sans doute ; ça reste un film comique principalement et tout ça est en toile de fond. Dans l'ensemble j'ai passé un fort bon moment.
LegendMaker
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le 18 févr. 2013

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LegendMaker

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