♫ Coïncidence rigolote, mais qui n'en est peut être pas une... ♫

Pour son cinquième film, le trublion danois Anders Thomas Jensen retrouve comme d'habitude sa clique de dégénérés composée de Mads Mikkelsen, Nikolaj Lie Kaas et Nicolas Bro pour une nouvelle péripétie assez différente de leurs précédentes frasques. Toujours aussi absurde dans son point de départ et contenant quelques passages d'humour forcément très noir, ce Riders of Justice s'avère pourtant le film le plus sérieux de son auteur doublé du plus visuellement soigné.


Non c'est faux. Disons en revanche que Jensen utilise pour la première fois une photographie "américaine", usant et abusant de l'Orange & Teal tout en s'offrant des séquences pétaradantes que n'aurait pas refusé Michael Bay. Cette histoire de geeks paranoïaques aidant un veuf à venger la mort de sa femme lors d'un accident de métro - qui n'en serait apparemment pas un - a de quoi titiller en douceur la matière grise, Jensen se penchant sur le monde merveilleux des coïncidences, des effets boules de neige et des délires chimériques obsessionnels.


Dans la peau du veuf vengeur, soldat bourru mais père maladroit, un Mads Mikkelsen finalement assez en retrait, non pas présenté comme le héros du film mais bien au contraire partie intégrante de ce groupe hétéroclite composé d'un théoricien trouillard au lourd passé (Lie Kaas), de son collègue excentrique (le nouveau venu Lars Brygmann, vu dans The Professor and the Madman) et d'un génie de l'informatique agoraphobe (Bro), vite rejoints par un jeune immigré ukrainien. Une histoire qui évolue agréablement vers le thriller violent tout en conservant des notes d'humour noir, inévitables dans le cinéma de Jensen.


Finalement très sérieux en dépit de ses rares "gags" inattendus, Riders of Justice traite de sujets sensibles avec le même soin, privilégiant les rapports humains au burlesque, le tout dans une maîtrise évidente qui efface sans problème les légers ralentissements du scénario, scénario foncièrement palpitant qui regorge de surprises. Anders Thomas Jensen ainsi livre un long-métrage imprévisible, plus "américanisé" dans la forme mais toujours aussi danois dans le fond, concrétisant une fois encore sa place parmi les réalisateurs et surtout scénaristes les plus talentueux de sa génération.

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le 10 juin 2021

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