Le monde agricole dévasté, encore une fois, après "Petit paysan" et surtout "Au nom de la terre" : plus proche, d'une certaine façon du second que du premier, du fait des thèmes qui y sont abordés. Même si, s'agissant de "Revenir", la construction scénaristique est très différente : "Au nom de la terre" se déroule sur plusieurs années, voire plusieurs décennies, alors qu'ici, il n'est question de quelques jours, situés chronologiquement après que l'exploitation ait périclité et que divers drames soient survenus. Des situations, donc, très proches de celles évoquées dans "Au nom de la terre", sachant que l'on observe également des similarités dans la façon d'aborder les rapports père-fils et le fossé entre générations.


Et le regard qui est porté ici sur ces événements - à travers le cinéaste - est différent, plus extérieur puisqu'il s'agit d'un fils prodigue, qui revient dans l'exploitation familiale après douze d'exil au Canada, alors que sa mère est mourante. A ce stade, vous aurez sans doute compris que ce film ne baigne pas dans la joie et dans l’allégresse. Cela étant, la sobriété du jeu des acteurs, de la bande-son et du montage font qu'en définitive, on ne ressent que très peu de pathos. Et le choix d'une fin ouverte permet esquiver le piège du happy ending, tout en laissant vaciller une fragile lueur d'espoir, cela évitant au spectateur de quitter la salle complétement désespéré...


Il me semble également important de mentionner qu'il s'agit d'un film avant tout intimiste, reposant sur des personnages très justes, car profondément humains, interprétés par des acteurs qui, donc, n'en font pas des caisses (y compris le bellâtre qui interprète Thomas). Acteurs parmi lesquels Adèle Exarchopoulos, qui illumine le film de sa présence solaire et d'une sensualité torride, se distingue tout particulièrement. Cela en interprétant le rôle d'une fille tout ce qu'il y a de plus ordinaire : belle performance. Encore deux ou trois comme celui là et on cessera sans doute de la désigner exclusivement comme l'actrice qui a joué dans "La vie d'Adèle".


En tout cas, un premier film, court (1h20), sans tourné avec un petit budget, qui laisse entrevoir des promesses s'agissant de l’œuvre à venir de sa réalisatrice, Jessica Palud.

Marcus31
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le 2 févr. 2020

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