Jeune lycéen de 1985, Marty McFly (Michael J. Fox) ne peut oublier son morne quotidien que grâce à sa petite amie... et à son vieil ami, le doc Brown (Christopher Lloyd), qui le convoque à une expérience inédite en secret, au beau milieu de la nuit. Inédite, l'expérience l'est incroyablement : Doc a trouvé le moyen de se déplacer dans le temps ! Inédites, les conséquences de cette expérience vont l'être aussi. Et Marty va l'apprendre à ses dépens. Mais s'il va l'apprendre, c'est pourtant bien dans le passé qu'il doit plonger...


S'il est un défaut que l'on peut particulièrement regretter aujourd'hui, dans les divertissements cinématographiques, c'est leur absence totale d'inventivité. On ne va pas tirer sur l'ambulance en reconvoquant l'éternel spectre Marvel pour nous servir d'exemple, mais le fait est que, désormais, le premier blockbuster venu semble n'avoir pour seule ambition que de nous resservir en moins bien des resucées de la soupe qu'on nous sert depuis des années déjà... Or, il existe un antidote imparable à cette maladie, et cet antidote a un nom : Retour vers le futur.
Tout est incroyablement culte, dans ce film, tellement que rien n'y a vieilli, à l'exception de quelques rares effets spéciaux (et encore !). Dès que les tics-tacs du générique commencent, on sent, on sait qu'on est en train d'assister à quelque chose de grand, de fondateur... Et puis chaque seconde qui passe, chaque minute qui se déroule sous nos yeux émerveillés, nous gratifient d'une délicieuse frustration. Délicieuse parce qu'unique en tous points, frustration parce qu'on se rapproche toujours plus dangereusement d'une fin qu'on ne veut surtout pas voir venir !


Robert Zemeckis a fait plusieurs grands films, mais celui-ci est sans doute le sommet de sa carrière fructueuse. Il a trouvé le moyen de réaliser LE divertissement parfait. Et le premier ingrédient de cette recette magique est précisément celui qui fait le plus cruellement défaut aux blockbusters d'aujourd'hui : un scénario PAR-FAI-TE-MENT écrit ! Rien n'y cloche, ou plutôt rien ne semble y clocher (ce qui est le plus important) : les deux Bob (Zemeckis et Gale) maîtrisent absolument ce dont ils parlent. Oui, ils vont s'amuser à nous embrouiller avec des voyages et paradoxes temporels, mais tout concorde merveilleusement. Et s'il paraît certain que l'on pourrait trouver un ou deux détails qui clochent, on s'en fout, rien que vouloir les chercher serait déjà un crime...
Mais la cohérence ne fait pas tout, et le scénario enchaîne les trouvailles incroyables : les personnages, suffisamment attachants pour qu'on accepte de les suivre sans problèmes, sont plongés dans des situations inextricables, mais jamais plus complexes qu'il ne le faut. Les enjeux sont encore assez modestes mais vitaux, et permettent au spectateur de partager toutes les émotions des personnages. Pendant ce temps, les scénaristes s'amusent comme des petits fous à reconstituer avec force détails des années 50 dont on devient irrémédiablement nostalgique. Si l'on devait résumer Retour vers le futur en quelques mots, il suffirait de dire que c'est vraiment l'art du détail porté à son paroxysme... Rien que la scène où l'année 1955 nous est montrée à travers les yeux de Marty comme si on débarquait dans un monde futuriste est un monument incontournable de cinéma.


Cela ne serait rien sans une bonne équipe technique et un bon casting. A ce titre, les acteurs sont tous excellents dans leurs rôles. Evidemment, c'est le règne du cabotinage, mais le statut de comédie de ce film l'y autorise tout-à-fait, et les prestations d'acteurs sont telles qu'on ne le leur reprochera certainement pas. On notera également un doublage français d'une perfection rarissime : ça mérite d'être souligné.
Par ailleurs, la mise en scène de Dean Cundey, directeur photo incontournable de cette époque (Carpenter, Zemeckis, Spielberg... Un joli CV !), est une véritable leçon de cinéma, tant la caméra est toujours placé au bon moment, au bon endroit, garantissant une immersion complète. Sans grands effets de manches, mais avec quelques travellings bien placés, l’œil de Cundey nous donne toujours à voir exactement ce qu'il faut voir, afin de se sentir le plus au cœur du récit possible. Jamais on ne regarde nos personnages avec un œil extérieur, comme un spectateur omniscient, mais on s'implique à leurs côtés comme un personnage à part entière, tant l'immersion est garantie par cette mise en scène millimétrée. Le cachet visuel du film est d'ailleurs d'autant plus prestigieux que les décors de Lawrence G. Paull (que l'on connaît aussi sur un autre monument de la science-fiction : l'immense Blade Runner) achèvent de donner à cette reconstitution des années 50 une authenticité plus vraie que nature, donnant tout son sens au geste cinématographique, dont le cœur véritable est bien ce dépassement de la réalité par le mensonge...
Enfin, on ne peut pas dire un mot de Retour vers le futur sans parler de son inestimable bande-son. Alan Silvestri a toujours été un grand compositeur, mais il accomplit ici une de ses plus grandes oeuvres musicales. Qui n'a pas à l'oreille ses cuivres triomphants et ses cordes solennelles, entrecoupés de quelques morceaux de rock pétillants ? Retour vers le futur aurait-il pu être le chef-d'oeuvre qu'il est sans cela ? Sans doute, mais un chef-d'oeuvre incomplet...


Si on ajoute à cela quelques touches poétiques et même émouvantes qui n'oublient jamais de nous faire rire en même temps (la scène du bal de promo, à la fin, je n'ai pas de mots pour décrire ça), on obtient bel et bien un divertissement absolument total. Des dialogues affûtés comme le meilleur Howard Hawks, alliés à un suspense tout hitchcockien, au scénario qu'on pourrait croire écrit par un Fredric Brown en grande forme, Retour vers le futur porte la marque de toutes les plus grandes oeuvres de fiction qui ont égrené le XXe siècle et auxquelles il rend un hommage plus ou moins direct. Bien plus qu'un divertissement, le film de Robert Zemeckis est un film majeur qui a marqué non seulement son époque, mais l'histoire du cinéma.
Oui, cette histoire de voyage temporel est bel et bien un des récits les plus intemporels de toute l'histoire du cinéma !

Tonto
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le 15 nov. 2019

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Tonto

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