En 1966, Volker Schlöndorff tournait un formidable premier film, Les désarrois de l'élève Törless, comme le début d'une nouvelle vague allemande où il allait être accompagné par Wenders, Herzog et Fassbinder. Parmi eux, le réalisateur du Tambour a toujours été le plus littéraire, et c'est encore vrai 50 ans plus tard avec Retour à Montauk, adapté de Max Frisch. Le film manque singulièrement d'enjeux dans sa première partie : cet écrivain européen qui débarque pour quelques jours à New York semble s'ennuyer quelque peu, peinant à trouver ses marques dans une ville où il a pourtant vécu, près de deux décennies plus tôt. La réalisation est alors à son image, un brin nonchalante et paresseuse. La patience est enfin récompensée quand notre homme retrouve enfin un amour passé. Dès lors, la machine à nostalgie peut fonctionner à plein dans une mélancolie sourde qui envahit l'écran. Outre une réflexion sur la création littéraire, ou comment situer la fiction à l'intersection de la réalité, Retour à Montauk s'attarde sur ce couple à nouveau formé et en proie aux réminiscences. C'est beau, touchant et élégiaque et ce, principalement grâce à l'exceptionnel talent de ses deux personnages principaux : Stellan Skarsgard et la merveilleuse Nina Hoss qui nous a beaucoup manqué depuis Phoenix. Leur face à face en bord de mer est magique. A près de 80 ans, Schlöndorff raconte les amours perdues, les fautes passées, les regrets inconsolés. Et c'est magnifique et triste à la fois.

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le 21 juin 2017

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