Parmi les horreurs réalisées, écrites et produites par Paul W.S. Anderson sortait directement en DVD Resident Evil : Degeneration, film d’animation, signé par la maison mère du jeu d’origine (Capcom), qui usait de la motion capture pour se rapprocher du produit de base. S’il n’était pas sans défaut, ce divertissement se montrait bien plus convaincant de par une fidélité scénaristique, graphique et au niveau de l’ambiance (enfin, presque...). Ce qui n’empêcha pas Degeneration de passer inaperçu et de provoquer l’étonnement au fait qu’il se voit offrir une suite, pour accompagner la promotion du sixième opus vidéoludique. Verdict de ce Resident Evil : Damnation ! (ATTENTION, SPOILERS !!)

L’histoire que je viens de résumer est principalement récitée dans l’introduction du film (sauf la raison de la présence de Leon, vite devinable). Néanmoins, il faut bien admettre que le film nous balance aussitôt sur place, en pleine guerre civile, sans que l’on sache finalement ce qui se passe. C’est d’ailleurs le sentiment que l’on aura durant les 1h40 de long-métrage, à toujours se demander si l’on est véritablement attentif à la trame (pourquoi la Présidente fait développer des parasites et possède des Tyrants comme gardes du corps, je me le demande encore !). À cause notamment d’un scénario plutôt brouillon (surtout durant le final où les Tyrants font leur apparition de manière maladroite) et qui fait intervenir sans génie des personnages emblématiques du jeu vidéo (dont Ada Wong, dont on se demande encore ce qu’elle peut bien faire dans ce film, à part une participation « amicale »), tout en essayant de jouer avec les sentiments des protagonistes sans jamais nous émouvoir un seul instant. Mais contrairement à Degeneration, Damnation peut se vanter d’offrir aux fans du jeu des nouveautés sur cette univers (des humains infectés contrôlant par télépathie les célèbres Lickers) et autres clins d’œil (des parasites digne de Resident Evil 4 et 5, la mythique scène du Licker cramponné au plafond et tirant la langue...), tout en ajoutant ici et là des répliques sympathiques donnant du charme aux personnages (Leon peut dès lors se ranger aux côtés de James Bond et Indiana Jones, J.D. et ses réflexions sur l’Amérique...).

Après un scénario bancal, le film devait se rattraper sur le côté technique. Rappelez-vous de Degeneration, où l’animation, bien que fluide et fidèle aux cinématiques des jeux vidéo, se montrait sans âme (surtout avec ces personnages inexpressifs, raides comme des piquets et aux mouvements approximatifs). Pour Damnation, la donne à changer bien que le constat ne soit pas à 100% mémorable (les protagonistes ont toujours des gestes qui flirtent avec l’excessif, dont ceux de J.D.). Néanmoins, l’animation a évolué en même temps que les graphismes des jeux, nous offrant des personnages un peu plus expressifs (Leon et ses haussements de sourcils, le visage de la Présidente, le charme d’Ada, les expressions faciales de J.D.), un visuel plus travaillé (les cheveux de Leon, les décors en pleine journée, les jeux de lumière...) et qui garde en fluidité (les séquences d’action sont entraînantes à souhait !). Au final, pas si exceptionnels (un jeu d’acteur et un doublage que l’on a bien du mal à capter) mais bien plus agréables à regarder.

Mais ce qui fait la force de ce Damnation (tout comme Degeneration) face aux nanars avec Milla Jovovich, c’est le respect de l’ambiance des jeux. Si l’on ne ressent à aucun moment l’angoisse de ces derniers (les scènes où des zombies surgissent ou bien que quelque chose se produit soudainement sont attendus), l’atmosphère reste tout de même pesante (le passage des souterrains), ne partant pas en live sous des airs de Marilyn Manson pour finir par des fusillades type Equilibrium. Surtout que par instant, Damnation nous gratifie de quelques plans à la première personne, efficaces, nous immergeant dans la peau de Leon durant un laps de temps.

Pour certains, regarder Degeneration et Damnation serait comme assister aux cinématiques d’un jeu vidéo sans pour autant prendre la manette en main. Mais si c’est le prix payer pour avoir des Resident Evil dignes de ce nom, alors le sacrifice n’est pas de grande ampleur. Comme son prédécesseur, Damnation, bien qu’étant un divertissement mineur, arrive à prouver que l’animation est le procédé idéal pour adapter la mythique saga horrifique de Capcom. Même si jouer est l’expérience la plus prolifique pour arborer cet univers de zombies, de créatures informes et de conspirations, vaut mieux ça qu’un navet signé Paul W.S. Anderson !

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5

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